Une collection très particulière

Par Apollinee

"Oui, je le dis: combiner du Laspallières, c'est être un écrivain. C'est dans cet esprit qu'il a conçu son oeuvre: comme une bibliothèque ouverte où les hommes de bonne volonté peuvent puiser pour écrire, dès lors qu'ils ont du courage, du caractère et un peu de talent."

Retrouvant son cher Pierre Gould - le héros récurrent des Contes carnivores - le narrateur est invité à découvrir les sections de son étrange bibliothèque: les ouvrages écrits par des amnésiques côtoient ceux qui tuent le lecteur, le font mourir d'ennui,  lui insufflent de l'énergie, exigent un dress code, se prêtent, en vraies gigognes à une infinité de lectures et ceux qui se sont vus renier par leurs auteurs, ou dont le contenu s'évapore, faute d'être consulté.

Nouvelles, fables, allégorie de l'écriture,  les chapitres consacrés à la littérature et son absurdité jubilatoire sont coupés des récits de découvertes de villes imaginaires - ville-miroir, ville soporifique, hypermnésique... - et de travers de société pour le moins déconcertants: échangisme...d'identité, multiplication de celles-ci, rajeunissements intempestifs, ....

Renouant avec la veine drôlissime des "Contes carnivores" (Le Seuil 2008 - Prix Rossel) et celle d'un Petit Prince, en voyage en Absurdie,  l'écrivain belge  - il enseigne le Droit à Dijon - mène à son comble, avec une rigueur cartésienne,  la logique de raisonnements loufoques.

Quiriny rime avec… génie.

Apolline Elter

Une collection très particulière, Bernard Quiriny, nouvelles, mars 2012, 186 pp, 17 €