On peut, comme certains responsables, expliquer qu'une société démocratique ne peut suivre tout le monde, mais Merah n'était manifestement pas tout le monde. On peut, comme l'a fait Nicolas Sarkozy, annoncer de nouveaux textes de loi. Mais on voit bien que tout ce que l'on a accumulé depuis dix ans n'a pas suffi. Et plutôt que de se précipiter et de voter de nouveaux textes, il faudrait comprendre ces dysfonctionnements qui ont probablement été à plusieurs niveaux. Sont-ils le fait de négligences individuelles? sont-ils liés à des problèmes d'organisation et de coordination entre services? à des faiblesses dans les méthodes de travail? à un défaut de doctrine? Le champ d'investigation est large.
Il serait également utile de mieux comprendre ces phénomènes d'auto-radicalisation dont parle Bernard Squarcini dans son entretien au Monde : "Selon les déclarations qu'il a faites lors du siège par le RAID, il s'est autoradicalisé en prison, tout seul, en lisant le Coran. C'est un acte volontaire, spontané, isolé." Mais peut-on vraiment s'auto-radicaliser jusqu'à tuer de sang-froid des enfants en lisant le Coran? On fait parfois allusion à des phénomènes d'auto-radicalisation à partir d'internet, mais là… Connait-on d'autres exemples avec le Coran ou avec d'autres livres? S'agit-il d'auto-radicalisation ou de la recherche de justification de comportements qui n'ont rien à voir avec le contenu du livre? L'auto-radicalisation solitaire fait-elle partie des comportements que les psychologues observent régulièrement?
On le voit, cela fait beaucoup de questions auxquelles devraient s'attaquer rapidement une commission d'enquête.