Cette étude de la Northwestern University qui a porté sur une centaine d'enchères inversées, répond à la question: Qui gagne ces enchères, le joueur stratégique ou le joueur chanceux ? Les chercheurs constatent que sur des marchés comme la bourse ou l'immobilier tous les joueurs ou presque sont avertis, utilisent la bonne stratégie, et qu'en fin de compte c'est la chance qui fait la différence. Ces résultats, publiés dans l'édition du de la revue PLoS ONE, suggèrent que cette part de chance nécessaire pour gagner pourraient lasser de nombreux players.
« Il y a de nombreux contextes dans lesquels nous pensons être plus intelligents et avoir un avantage sur les autres », explique Luís Amaral, l'auteur de l'étude, professeur de génie chimique et biologique à l'école McCormick et du Howard Hughes Medical Institute. « Et nous ne réalisons pas au départ que nous sommes en concurrence avec d'autres personnes qui font la même chose. Alors la stratégie devient secondaire et le jeu, un jeu de hasard ».
Les auteurs citent les travaux de l'économiste et mathématicien John Nash, prix Nobel d'économie, dont la théorie des jeux s'applique au mode de ventes aux enchères sur lequel ils ont basé leur étude. Une vente aux enchères en ligne est un jeu classique où l'on dispose d'informations, on tente de deviner ce que font les autres, et, sur cette base de définir la meilleure stratégie. Ici les auteurs ont choisi l'enchère inversée – c'est l'offre unique la plus faible au moment de la clôture qui gagne-, où les participants font des offres pour un bien relativement important et coûteux, comme une voiture ou un bateau, avec l'objectif de proposer l'offre unique la plus basse possible au moment où l'enchère s'achève. Les chercheurs ont analysé les données portant sur 600 enchères inversées en ligne suivies par 10.000 participants portant pour un total de 200.000 offres. Les données permettaient aux chercheurs d'analyser ce qui se passe dans chaque enchère.
Une stratégie optimale : Les chercheurs ont développé une simulation sur ordinateur et pu identifier une stratégie optimale aux enchères inversées. C'est une stratégie en rafale avec des valeurs d'enchère consécutives proches les unes des autres, suivie d'un saut dans une autre zone de valeurs comportant à nouveau des offres proches les unes des autres et ainsi de suite. Un participant va placer une enchère, par exemple de 8 cents, puis un certain nombre d'offres de proximité, 5, 6 et 7 cents, ainsi que 9, 10 et 11 cents. Puis il fait un grand saut vers une autre zone, placent une enchère de 47 cents et plusieurs autres offres autour de ce nombre. Et, chaque fois qu'il place une enchère, il paie une redevance.
Cette stratégie mixte combine l'exploitation (plusieurs offres dans une même zone de valeur) et l'exploration (un saut vers une nouvelle zone de valeur).
Cette stratégie en rafale pourrait être comparée à la quête de nourriture d'un animal lorsqu'elle se fait rare. Un albatros dispose d'un vaste océan à explorer et concentrera sa pêche dans une petite zone pendant un certain temps et puis se déplacera ensuite pour essayer une autre petite zone.
Mais tous les joueurs adoptent la même stratégie : Il s'agit d'une stratégie intelligente qui accroît les chances de gagner, mais les chercheurs ont découvert tous participants ont pensé à cette stratégie, la rendant ainsi sans intérêt. Tous jouent « en rafale ». En conclusion, en réalité, les joueurs choisissent la solution la plus irrationnelle, celle d'un simple jeu de hasard. Le chercheur suggère que cela ce choix ne dure pas éternellement et que l'homme est suffisamment intelligent pour comprendre que la stratégie n'y a pas sa place.
Source : PLoS ONE published 18 Jan 2012 10.1371/journal.pone.0029910 “Rationality, Irrationality and Escalating Behavior in Lowest Unique Bid Auctions”
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