A l’ère du one man show, Don Juan se lance sur scène, fraîchement évadé des enfers et prêt à se prendre une bonne douche froide lorsqu’il découvre avec nous, spectateurs, notre époque et tous ses changements : Libération sexuelle, Don Juanisme banalisé, perte d’indenté, art de la séduction évincée…
Merveilleusement interprété par David Arveiller au regard sombre et cynique malgré ses yeux clairs, celui-ci nous emmène dès la première minute dans son univers… Son mythe qui ne cesse de muter (déclare t-il)… Un mythe qui va se perdre dans le tourbillon des évolutions de notre société… Un mythe qu’il exploite en se jouant de nous avec brio. Tour à tour nous découvrons dans ses quelques « confidences déguisées » une nouvelle facette de lui-même.
Cependant, nous nous trompons car déjà il nous avoue, le sourire aux lèvres, que tout est faux… ou pas. Qui sait ? Tout cela n’a guère d’importance car nous l’écoutons attentifs et amusés comme apprivoisés par son charme et par son discours qui se veut provocateur.
Intelligent , plein de subtilité et d’humour, ce texte écrit par Gérard Savoisien, nous pousse (tout comme Don Juan) dans nos retranchements, nous guidant vers une réflexion sur les désillusions de notre ère et sur la perte de nos valeurs. Ses mots sont captivants, convaincants et sublimés par la mise en scène d’Eric Rouquette.
Joué au Festival Off d’Avignon en 2011, ce spectacle nous donne à voir une mise en abîme dans l’abîme, une critique dans la critique, une autodérision de ce célèbre mythe, de notre société aussi… De nous même finalement… Et ça pour notre plus grand plaisir.
Don Juan le retour, Théâtre Les Déchargeurs (Paris 1er) jusqu’au 14 avril 2012.