Toulouse : Tout ça pour quoi ?

Publié le 23 mars 2012 par Nicolas007bis

Alors que le tueur vient juste d’être stoppé dans son élan criminel, le traitement médiatique et politique de l’affaire dite de Toulouse me pose problème.

Il me semble qu’il y a eu sur cette tragique histoire, une sur-réaction collective qui amène à attribuer à des actes et à un personnage une importance qu’ils ne méritent pas.

Bien évidemment, l’évènement est tragique, l’acte est immonde et qu’il provoque une émotion collective n’a rien de choquant ni de surprenant. Pour autant, cela justifie t’il que le chef de l’Etat soit mobilisé jours et nuits, cela justifie t’il une couverture médiatique aussi dense 24heures sur 24, cela justifie t’il que tous les autres sujets soient éludés (Syrie par exemple), cela justifie t’il que la campagne électorale s’arrête brutalement, cela justifie t’il que l’on juge les candidats à l’aulne de leur attitude face à ces faits, cela justifie t’il que l’on multiplie les minutes de silence, cela justifie t’il même que l’on positionne le débat sur la sécurité nationale ou le terrorisme au premier plan ?

A toutes ces questions je répondrais non !

Il ne s’agit pas de fermer les yeux, ni de nier une réalité qui peut déranger, ni surtout de contester les drames humains occasionnés par les méfaits de l’individu mais simplement de rester dans la mesure, une mesure digne mais qui ne tombe pas dans le spectaculaire inutile.

Sauf à s’illusionner gravement sur la nature humaine, il est difficile de s’étonner d’être régulièrement confrontés à des actes criminels de toute nature.

En quoi celui-ci se différencie t’il d’autres crimes dont il est fait beaucoup moins de cas ?

De ce que l’on en sait, l’assassin est un petit voyou pas très fin, qui s’est fait endoctriner par des islamistes radicaux et qui a considéré comme de son devoir d’aller assassiner lâchement des militaires et des juifs.

Ses motivations ne relèvent même pas d’une grande causes, elles ne relèvent ni du racisme, ni même de l’antisémitisme primaire puisqu’il semble que ce soit plutôt la politique d’Israël vis-à-vis de la Palestine que la religion des victimes qui ait été le prétexte à l’assassinat des enfants et du professeur.

On a, manifestement, affaire à un minable fanatisé comme les religions et les idéologies extrêmes en ont produit par wagons entiers depuis des siècles.

Traiter ses méfaits comme nous le faisons ne peut que contribuer à en faire un héro, un exemple pour tous les minables fanatisés présents et à venir.

En contrepartie, que retiendra-t-on de toute cette effervescence, plus précisément, quels enseignements allons-nous en retirer ?

A mon sens, aucun !

Contrairement à ce que veulent croire les observateurs « avertis », il n’y aura pas un « avant et un après Toulouse ». Il n’y a aucune raison pour que cette affaire change quoi que ce soit d’important, dans les programmes ou les discours politiques.

Certes, à une éphémère et factice unité nationale succéderont très rapidement de tristes polémiques et beaucoup d'agitation. Mais fondamentalement rien de vraiment nouveau, rien de plus et rien de moins que les habituelles et souvent pitoyables réactions post fait-divers tragique !

Il y aura une tentative d’utilisation de cette affaire par les candidats, une sorte de récupération qui ne dira surtout pas son nom.

Certains ne manqueront pas de reposer la question du retrait des troupes d’Afghanistan au risque de laisser penser que ce retrait est motivé pas la peur du terrorisme et ainsi de donner ainsi raison à l’assassin. Le thème de la sécurité sera immanquablement remis sur le tapis, quitte à extrapoler indument à partir d’un évènement pourtant trop atypique pour qu’on en tire pas des conclusions générales.

Nous aurons probablement droit à quelques propos lénifiants destinés à nous rassurer sur la capacité des autorités françaises à neutraliser les terroristes potentiels avant qu’ils n’agissent, auxquels répondront les « interrogations » accusatrices sur les défaillances réelles ou supposées des services de sécurité.

Nous aurons également droit aux belles analyses sur les méfaits du communautarisme et sur les raisons qui peuvent pousser n’importe qui, surtout s’il est jeune, de banlieue et d’origine africaine, à basculer dans le crime.

Nous ne couperons évidemment pas à une polémique sur la mort du terroriste qui, selon tous les experts de salon, aurait bien entendu pu être évitée. Sans compter tous ceux qui verront dans cette fin un assassinat d’Etat décidé par Sarkozy et Guéant, destiné à bien montrer à la France qui a peur leur extrême fermeté face au Crime.

Cette affaire n’aura été qu’un prétexte pour polémiquer, un prétexte somme toute sans importance au regard des sujets qui devraient mobilier toutes les énergies en ces temps de crise.

Même le regard que nous portons sur l’Islam ne devrait pas changer. Ce n’est ni le premier ni le dernier fanatique islamiste à se lancer dans une pitoyable guerre sainte et nous ne pouvons pas faire comme si nous découvrions que ces gens là existent.

Espérons que rapidement les choses reprennent leur cours, que la campagne reparte avec d’autant plus de vigueur qu’elle aura été mise en mode veille pendant quelques jours et souhaitons que les sujets importants y retrouvent leur place !