Alors que le tueur vient
juste d’être stoppé dans son élan criminel, le traitement médiatique et
politique de l’affaire dite de Toulouse me pose problème.
Il me semble qu’il y a eu sur cette tragique histoire, une sur-réaction
collective qui amène à attribuer à des actes et à un personnage une importance
qu’ils ne méritent pas.
Bien évidemment, l’évènement est tragique, l’acte est immonde et qu’il
provoque une émotion collective n’a rien de choquant ni de surprenant. Pour
autant, cela justifie t’il que le chef de l’Etat soit mobilisé jours et nuits,
cela justifie t’il une couverture médiatique aussi dense 24heures sur 24, cela
justifie t’il que tous les autres sujets soient éludés (Syrie par exemple),
cela justifie t’il que la campagne électorale s’arrête brutalement, cela
justifie t’il que l’on juge les candidats à l’aulne de leur attitude face à ces
faits, cela justifie t’il que l’on multiplie les
minutes de silence, cela justifie t’il même que l’on positionne le débat
sur la sécurité nationale ou le terrorisme au premier plan ?
A toutes ces questions je répondrais non !
Il ne s’agit pas de fermer les yeux, ni de nier une réalité qui peut
déranger, ni surtout de contester les drames humains occasionnés par les
méfaits de l’individu mais simplement de rester dans la mesure, une mesure
digne mais qui ne tombe pas dans le spectaculaire inutile.
Sauf à s’illusionner gravement sur la nature humaine, il est difficile de
s’étonner d’être régulièrement confrontés à des actes criminels de toute
nature.
En quoi celui-ci se différencie t’il d’autres crimes dont il est fait
beaucoup moins de cas ?
De ce que l’on en sait, l’assassin est un petit voyou pas très fin, qui
s’est fait endoctriner par des islamistes radicaux et qui a considéré comme de
son devoir d’aller assassiner lâchement des militaires et des juifs.
Ses motivations ne relèvent même pas d’une grande causes, elles ne relèvent
ni du racisme, ni même de l’antisémitisme primaire puisqu’il semble que ce soit
plutôt la politique d’Israël vis-à-vis de la Palestine que la religion des
victimes qui ait été le prétexte à l’assassinat des enfants et du
professeur.
On a, manifestement, affaire à un minable fanatisé comme les religions et
les idéologies extrêmes en ont produit par wagons entiers depuis des
siècles.
Traiter ses méfaits comme nous le faisons ne peut que contribuer à en faire
un héro, un exemple pour tous les minables fanatisés présents et à
venir.
En contrepartie, que retiendra-t-on de toute cette effervescence, plus
précisément, quels enseignements allons-nous en retirer ?
A mon sens, aucun !
Contrairement à ce que veulent croire les observateurs « avertis », il
n’y aura pas un « avant et un après Toulouse ». Il n’y a aucune raison
pour que cette affaire change quoi que ce soit d’important, dans les programmes
ou les discours politiques.
Certes, à une éphémère et factice unité nationale succéderont très
rapidement de tristes polémiques et beaucoup d'agitation. Mais fondamentalement
rien de vraiment nouveau, rien de plus et rien de moins que les habituelles et
souvent pitoyables réactions post fait-divers tragique !
Il y aura une tentative d’utilisation de cette affaire par les candidats,
une sorte de récupération qui ne dira surtout pas son nom.
Certains ne manqueront pas de reposer la question du retrait des troupes
d’Afghanistan au risque de laisser penser que ce retrait est motivé pas la peur
du terrorisme et ainsi de donner ainsi raison à l’assassin. Le thème de la
sécurité sera immanquablement remis sur le tapis, quitte à extrapoler
indument à partir d’un évènement pourtant trop atypique pour qu’on en tire pas
des conclusions générales.
Nous aurons probablement droit à quelques propos lénifiants destinés à nous
rassurer sur la capacité des autorités françaises à neutraliser les terroristes
potentiels avant qu’ils n’agissent, auxquels répondront les «
interrogations » accusatrices sur les défaillances réelles ou
supposées des services de sécurité.
Nous aurons également droit aux belles analyses sur les méfaits du
communautarisme et sur les raisons qui peuvent pousser n’importe qui, surtout
s’il est jeune, de banlieue et d’origine africaine, à basculer dans le
crime.
Nous ne couperons évidemment pas à une polémique sur la mort du terroriste
qui, selon tous les experts de salon, aurait bien entendu pu être évitée. Sans
compter tous ceux qui verront dans cette fin un assassinat d’Etat décidé par
Sarkozy et Guéant, destiné à bien montrer à la France qui a peur leur extrême
fermeté face au Crime.
Cette affaire n’aura été qu’un prétexte pour polémiquer, un prétexte somme
toute sans importance au regard des sujets qui devraient mobilier toutes les
énergies en ces temps de crise.
Même le regard que nous portons sur l’Islam ne devrait pas changer. Ce n’est
ni le premier ni le dernier fanatique islamiste à se lancer dans une pitoyable
guerre sainte et nous ne pouvons pas faire comme si nous découvrions que ces
gens là existent.
Espérons que rapidement les choses reprennent leur cours, que la campagne
reparte avec d’autant plus de vigueur qu’elle aura été mise en mode veille
pendant quelques jours et souhaitons que les sujets importants y retrouvent
leur place !