Il piège le net pour faire la leçon !

Publié le 23 mars 2012 par Claire Romanet

« Comment j’ai pourri le web ». Non ceci n’est pas la revendication d’un hacker frénétique mais bien la déclaration d’un professeur de lettres bien décidé à éduquer ses élèves au web.

Il s’appelle Loys Bonod, il a 36 ans et enseigne au sein d’un lycée parisien. Un prof qui a lui aussi évolué avec le net, et qui est devenu geek mais a su garder tout son esprit d’analyse, qu’il pensait inculquer à ses étudiants, adolescents « digital natives » élevés au web.

C’est à la suite d’une dissertation qu’il avait donnée à ses étudiants, qu’il s’aperçoit que la plupart d’entre eux ont tout bonnement recopié à l’identique les infos (plus ou moins vérifiées) glanées ou achetées pour moins de 2€ sur le net faisant fi des différents styles rédactionnels.

Lui vient alors l’idée de mener une expérience pédagogique et d’utiliser les leviers du webmarketing pour tendre un piège aux rois de la pompe. Il sélectionne au préalable un poème de Vion d’Alibray rarement étudié et donc peu visible sur la toile, puis crée, « en mode storytelling », une notice Wikipedia où il imagine la vie de son auteur, ses amours tumultueuses avec une certaine Anne de Beaunais (bonnet d’âne quoi !).

Puis il passe à l’étape du webmarketing : tel un Community manager, il intervient sur les forums sous différents profils, pose des questions, y répond de façon savante mais avec un contenu totalementabsurde.

Il prend un malin plaisir à rédiger (sadique !) un commentaire de texte, lamentablement écrit selon ses propres dires, rempli de non-sens, qu’il agrémente de quelques fautes histoire de faire « plus vrai » et qu’il propose à des sitesspécialisés dans la vente de corrigés payants (e-commerce quand tu nous tiens !). Enfin, il crée et diffuse des liens pour le référencement.

Résultat : sur 65 élèves, 51 (soit plus de 75%) sont tombés dans le piège en recopiant à différents degrés les informations trouvées sur le net, alors que justement, l’exercice consistait en une réflexion personnelle sur le sujet et non pas d’une recherche documentaire.

Moment jouissif s’il en est où la supercherie dévoilée les élèves stupéfiés mais amusés , applaudissent reconnaissant leur faute et un peu leur honte aussi !

De tout temps le copiage a existé, les stratagèmes ont eux aussi évolué et le Smartphone a remplacé le cahier sur les genoux. Cependant, les méthodes d’aujourd’hui, comme le souligne Loys Bonod, asservissent les étudiants au net empêchant le développement de la maturité, de l’autonomie et de la réflexion personnelle que l’enseignement doit leur donner.

La morale de cette histoire ? Nous la laissons à Jean de la Fontaine « Car c’est double plaisir de tromper le trompeur. »