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Kim, le samouraï de l'indie

Publié le 23 mars 2012 par Mikatxu @crystalfrontier
Kim a donc fini par jouer, ici à Bordeaux. Après une première date annulée, le petit génie pop, auteur d'un dernier album de très haute tenue, s'est produit à l'Heretic, ce jeudi de mars. La date était chargée sur le calendrier (Kap Bambino à la Rock School Barbey, Pigeon John à l'i.Boat), mais la foule s'est déplacée en masse, c'était dense, on était joyeusement compressés.
Moon ouvrait. C'était sympa, indéniablement bien exécuté, mais je ne sais pas encore ce qui m'empêche de rentrer dans leur univers. Ils sont quatre, c'est pop, nerveux, avec quelques passages plus modérés. Certains morceaux sont un peu longs... c'est confus comme sentiment. Dommage pour moi j'imagine.
Kim était lui aussi en quatuor ce soir-là : Guillaume Léglise au clavier (par ailleurs tête pensante de My Broken Frame), Hugo Berrouet à la batterie et Blandine Millepied (de April Shower) à la basse. Ils furent tous très bons. Au diapason de cette magnifique soirée. Déjà, il y avait des tubes comme s'il en pleuvait. Du dernier disque, de la longue discographie du bonhomme, ça claquait, ça sentait le lo-fi magnifique, l'évidence mélodique, la mélancolie se teintait rapidement d'une folle énergie et les frontières entre pop, jazz, funk et rock étaient superbement floues. On a eu du "Muriel", forcément spécial pour moi, "Solenn", les incroyables "Uptown", "When the River Turns Around" ou "To Kremlin", on s'est assis sur "Sunlight Never Came", on a chanté sur "Don Lee Doo", et braillé sur le terminal "Rastafari Ganja People", à l'unisson avec les musiciens sur scène, où étaient David Lespes, les Moon...

Kim donne des disques à la cool, il fait du sport avec ses groupies, HOW COOL IS THAT ? 
Mais un truc m'a frappé. C'est que ce mec respire la musique à plein nez, c'est sa vie et il a une façon de rendre ça tangible, enivrant, terriblement addictif. Il y a une énergie sincère, un groupe qui le suit à la perfection dans cet amour pur de la musique. Au-delà de la pop ou de toute autre étiquette, c'est la musique qui a été honorée, dans ce qu'elle a de plus jouissif, de plus total. Il n'y avait aucune pose, que du plaisir partagé, l'envie de jouer qui prévalait sur tout. Il faut être dévoué à son art pour communiquer une telle ferveur. Tout le monde dansait, tout le monde a vibré, je m'avance peut-être mais n'en doute pas vraiment. Les chansons sont une chose, et Dieu sait qu'il y en a eu des grandes. Mais une telle passion, c'est déjà plus rare, et c'est ça qui fait basculer un concert dans une autre catégorie. Et là, j'ai pensé (ouais)...Dans le livre Hakagure (recueil des pensées d'un vrai Samouraï, recueillies et retranscrites par un disciple au XVIIIè siècle), il est dit :
Les questions importantes doivent être traitées légèrement. Celles sans importance doivent être traitées sérieusement.

Qu'est-ce que la musique, sinon une chose sans réelle importance ? Kim a endossé son habit de samouraï et a brillamment rendu hommage à cet art, à la fois si important et si insignifiant. Un grand moment !

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