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Présidentielle J-30 : le 6 mai, il n’en restera qu’un !

Publié le 23 mars 2012 par Legraoully @LeGraoullyOff

Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Suspension de la campagne ? Mon cul au bout de la rue ! Le simple fait de prétendre qu’un fait divers, aussi tragique soit-il, mérite que l’on suspende une campagne électorale, c’est déjà le récupérer ! Et dans le cas présent, c’est offrir une victoire à l’assassin qui n’aurait sûrement pas demandé mieux que son acte ait des répercussions y compris sur le déroulement du jeu démocratique ! Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à ses victimes est de continuer à vivre en traitant sa folie criminelle comme elle le mérite : par le mépris. Bon, la trêve est officiellement terminée, nous pouvons passer en revue les dix candidats à la présidentielle qui sont donc connus depuis cette semaine :

Présidentielle J-30 : le 6 mai, il n’en restera qu’un !
Nicolas Sarkozy (UMP) : Il revenait de loin, en 2002 ! Qui se souvient, aujourd’hui, du Nicolas Sarkozy que le grand public avait connu ? Caniche de Balladur, honni et moqué de tous après la défaite du goitreux, météoritique président du RPR battu à plates coutures aux élections européennes de 1999, unanimement considéré comme une tête à claques sans avenir politique. Qui aurait osé, au moment de son accession au ministère de l’intérieur, miser un caramel mou sur son accession à la tête de l’État ? Son tour de force aura été de persuader les naïfs qu’il n’avait rien à voir avec les gouvernements Raffarin et Villepin et de vendre comme la « rupture » ce qui n’était que la continuation de l’œuvre de Chirac. Pourra-t-il réitérer ce tour de force alors que les Français ne peuvent plus dire qu’ils ne savaient pas de quoi il serait capable en tant que président ? Pourra-t-il à nouveau tirer sur la corde de l’insécurité alors que la tuerie de Toulouse ne peut pas ne pas être vu comme la preuve de son échec dans ce domaine ? Il y croit fort, pourvu qu’il se trompe !

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François Hollande (PS) : Encore un qui revient de loin, et le revirement du destin a même été encore plus rapide ! Il avait annoncé qu’il n’excluait pas de représenter le P.S. aux prochaines présidentielles il n’y a pas quatre ans : tout le monde avait ri à l’époque ! La suite, on la connait : il change de look radicalement et invite ainsi les gens à penser qu’il est capable de déployer un effort important et, surtout, il fait oublier D.S.-K., le rôle de « candidat par défaut » ayant finalement été endossé par son adversaire pour l’investiture socialiste, Martine Aubry. Tout cela est doublement regrettable : premièrement, tout le monde s’accorde à dire que c’est un homme intelligent, combattif, sympathique et plein d’humour et il est regrettable qu’il lui ait fallu modifier son apparence pour arriver à les faire valoir. Deuxièmement, et surtout, il ne faut pas oublier qu’il est totalement favorable à l’austérité imposée à la Grèce et qu’il ne remet jamais en cause l’idée chère à son adversaire d’une insécurité galopante dans ce pays : il représente peut-être un moindre mal par rapport à Sarkozy, mais son élection ne marquera pas la fin de tous nos ennuis ! Tout au plus faudra-t-il s’en saisir comme point de départ d’une mobilisation d’ampleur…

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Marine Le Pen (FN) : Elle m’a fait peur, j’avoue. Quand vous apprenez que la candidate d’un parti politique dont le discours est historiquement fondé sur la xénophobie et la haine est donnée en tête au premier tour, il y a lieu de vous inquiéter. Ajoutez à cela les éditoriaux anxiogènes qui vous vantaient son habileté, son pouvoir de séduction et sa « modération » en opposition à la violence de son père et prédécesseur, et vous avez de quoi faire dans votre froc ! Mais finalement, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter : non contente d’avoir des idées pourries, elle est incapable de les défendre. Ses interventions publiques ont montré qu’elle était totalement incompétente en économie, ce qui la fiche mal par les temps qui courent, et qu’elle n’avait pas le courage politique de débattre contre un adversaire. Cette ogresse aguicheuse a soigné l’emballage du FN et s’est mise à chasser sur les terres où la gauche n’ose plus s’aventurer, il n’est donc pas totalement incongru qu’elle ait pu séduire un moment quelques désenchantés sans culture politique, mais sa plus redoutable ennemie dans sa campagne, après Mélenchon qu’elle ne s’attendait pas à avoir comme concurrent direct dans la conquête de l’électorat populaire, n’est autre qu’elle-même. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter outre mesure, mais ce n’est pas une raison pour lutter farouchement contre son parti et ses idées, même et surtout si la droite anciennement républicaine récupère ses thèmes de campagne.

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Jean-Luc Mélenchon (FG) : De plus en plus de gens, y compris certaines personnes que je connais pour être tout sauf idiotes,  marchent volontiers dans la combine de cet ancien apparatchik du P.S. qui s’est trouvé une vocation de défenseur des petites gens le jour où il n’en pouvait plus d’attendre pour régler ses comptes avec Hollande. Il ne faut pas plaisanter : il est resté fidèle à Mitterrand malgré toutes les compromissions de ce dernier avec le libéralisme économique, et resté au P.S. malgré la rigueur fabiusienne et malgré l’acoquinement avec Tapie, il a été ministre délégué à l’enseignement supérieur du gouvernement Jospin pendant deux ans et n’a quitté cette fonction qu’après la chute du constipé. Si l’ancrage au centre du parti socialiste l’agace à ce point, pourquoi n’en est-il pas parti plus tôt ? Avait-il déjà envie de partir, auquel cas il aurait attendu que son heure soit venue ? A-t-il senti avant ses ex-camarades que le vent de l’Histoire a tourné et que l’avenir appartiendrait à celui qui saurait s’emparer le plus tôt du ressentiment contre la finance ? Bien entendu, je ne peux pas lui reprocher de défendre des idées justes et généreuses et je ne dis pas qu’il est forcément malhonnête : je dis juste qu’il n’est pas forcément désintéressé et que son virage à l’extrême-gauche est tout de même assez étonnant. J’ajoute que je ne vois pas pourquoi je devrais lui pardonner d’avoir dit que Cuba n’était pas une dictature alors que je ne pardonne pas à Sarkozy d’en avoir dit autant de la Tunisie de Ben Ali…

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François Bayrou (MoDem) : Encore un apparatchik qui s’est trouvé une vocation de rebelle du jour au lendemain, mais là, la ficelle est vraiment trop grosse : ministre de l’éducation du gouvernement Balladur, il se distingue alors en engageant l’abrogation de la loi Falloux ; il soutiendra ensuite la candidature du pélican, quasiment main dans la main avec Sarkozy : pour dire après qu’il est l’ennemi juré de ce dernier, ça la fiche mal ! Il est resté ministre sous Juppé, constituant probablement une concession que Chirac avait faite, pour éviter le délitement de la majorité, à l’UDF qui avait soutenu Balladur ; Bayrou, là encore, est resté ministre jusqu’à ce que le gouvernement Juppé tombe ! Ça ne l’a pas empêché, une fois devenu seul maître à bord du navire giscardien, de se poser comme l’ennemi juré de Chirac et de se présenter contre lui en 2002. Je n’ai jamais très bien compris la différence fondamentale entre le RPR et l’UDF, mais il absolument hors de doute que Bayrou soit un homme de droite, qui a toujours, en tant que député, voté avec la majorité UMP : le fait qu’il ait pu se positionner comme un allié potentiel pour la gauche relève donc d’une vaste escroquerie. Ça a marché en 2007 où il a su rassembler les gens de droite qui ne voulaient pas de Sarkozy et les gens de gauche qui ne voulaient pas de Ségolène, mais le MoDem s’est monté incapable de fédérer lors des élections municipales, européennes, régionales et cantonales et donc de constituer une force de gouvernement dont la crédibilité va au-delà de l’intérêt que peut susicter la personnalité de son leader : une fois celle-ci mise à nue dans sa médiocrité et sa petitesse, le charme n’opère plus ! On comprend mieux son continuel regard de chien battu, du coup…

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Eva Joly (EELV) : Si elle avait été un homme, si elle avait parlé français sans aucune trace d’accent, si elle n’avait pas exercé un métier que les magouilleurs qui tiennent les médias s’efforcent de nous faire détester, si elle avait vendu l’écologie à la façon d’Hulot, comme on vend un beau produit bien emballé, elle serait considérée par une majorité de Français comme un sage à écouter religieusement. Seulement voilà : elle est femme dans un pays de machos, elle est norvégienne dans un pays de xénophobes, elle est juge d’instruction dans un pays où l’on trouve super-cool le chef de la maffia, elle est honnête dans un pays où les gens demandent qu’on les fasse rêver. Bref, elle a toutes les qualités pour gouverner mais aucune pour gagner ; cela dit, à la décharge de ses détracteurs, il faut reconnaître qu’elle n’en serait pas là si elle ne s’était pas fourvoyée en acceptant de représenter les Verts français, ce parti-panier de crabes dont les membres pensent davantage à leur avenir politique qu’à celui de la planète et ne se déplacent en train ou à vélo que lorsque les caméras sont là avant de sauter dans un avion ou dans leur voiture de fonction. Elle l’a prouvé en se joignant au cortège des adversaires de l’austérité en Grèce, sa place est parmi nous, parmi les militants, les manifestants, parmi ceux qui luttent concrètement et ne se contentent pas de belles paroles. Pourvu qu’elle ne nous laisse pas tomber !

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Nathalie Arthaud (LO) : Encore une des rares candidates honnêtes de cette élection : certes, elle n’est pas ouvrière mais professeur de gestion, mais aujourd’hui, les enseignants ne sont plus si loin, socialement parlant, des prolétaires. Elle a d’autant plus droit à ma sympathie qu’elle a le douteux privilège de devoir prendre en charge une succession très difficile, celle de la très médiatique Arlette Laguiller. Elle avait déjà Mélenchon pour lui faire de l’ombre, le souvenir de sa remuante « prédécesseuse » lui en fait doublement : si Arlette avait pour elle le célèbre « travailleurs, travailleuses » qui est devenu pratiquement un slogan, la seule citation un tant soit peut médiatique de Nathalie est celle (que je ne retrouve pas précisément) où elle avait déclaré qu’elle trouverait étonnant que Le Pen ne puisse pas se présenter ; c’était maladroit de sa part car ses propos ont été aussitôt compris comme l’octroi au FN d’une légitimité à participer au jeu démocratique alors qu’elle avait simplement voulu dire qu’il serait étonnant qu’un parti qui n’a plus raté une élection présidentielle depuis 1981 ne soit pas présent à celle-ci. Seulement, à notre époque, on réagit d’abord et on essaie de comprendre ensuite : Nathalie Arthaud est déjà victime de la transformation du débat d’idées en far west médiatique…

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Philippe Poutou (NPA) : Une autre succession difficile et rendue encore plus ardue par la concurrence de Méluche : Philippe Poutou ne fera pas facilement oublier Olivier Besancenot, d’autant que si Mélenchon a pour lui ses talents de comédien qui font de lui un grand clown de la télé, Poutou n’a rien d’autre à offrir à la déesse aux cent bouches que son expérience d’ouvrier, sa connaissance de la dureté de la vie et sa conscience aigüe de l’injustice sociale, autant de choses qu’il faut savoir « vendre » comme n’importe quoi d’autre aujourd’hui : Poutou réécrit Germinal à une époque où les gens lisent Da Vinci Code ! Il aurait pu aussi la jouer comme Mélenchon et se plaindre du traitement que lui infligent les perruches pseudo-journalistes de la télé ; manque de pot : avant qu’il ait le temps de dénoncer publiquement la conduite d’Audrey Pulvar qui l’a traité en plébéien, celle-ci s’est fait casser sa jolie gueule par de vilains gros méchants fachos, en même temps d’ailleurs que son compagnon qui a la réputation d’être un homme de gauche : bref, une cible potentielle de Poutou est devenu inattaquable avant qu’il ait pu l’attaquer ! Le pire, c’est qu’il est probablement trop honnête pour avoir eu seulement l’idée de polémiquer contre elle ! Quand ça veut pas, hein…

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Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) : J’ai un petit peu de mal à croire que Dominique de Villepin, qui a quand même été secrétaire général de l’Élysée, ministre et premier ministre, n’ait pas réussi à avoir ses 500 signatures alors que Dupont-Aignan, lui, y est arrivé ! Je crois plutôt que Villepin ne voulait pas se rendre ridicule avec un score minable et être accusé d’être responsable de la déroute de Sarkozy. Ces craintes-là, Dupont-Aignan ne peut pas les éprouver : il n’a jamais été ministre et n’est que député-maire d’un trou de bourgeois, il est donc déjà ridicule avant même d’avoir fait un score minable, et surtout, si Sarkozy perd, l’UMP ne pourra pas l’accuser d’y être pour quelque chose sans se ridiculiser complètement ! Éternel second…non, même pas, éternel dixième couteau, sa tête de cul poudrée fait rire tout le monde, sa candidature n’intéresse personne et ne semble même pas capable de fédérer les électeurs de Villepin. Bref, l’archétype même de la candidature qu’il est tentant de penser comme totalement inutile, ce qui n’est peut-être pas juste : face à des cas comme celui-là, je me demande parfois si on lui a seulement laissé sa chance d’être crédible…

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Jacques Cheminade (S&P) : Il était le seul « petit candidat » des présidentielles de 1995 : le seul, en tout cas, à n’avoir pas dépassé les 1% à ses élections où ils n’étaient que neuf sur la ligne de départ. J’ai cru un instant qu’il était un visionnaire : il est en guerre contre la finance depuis des années, il a engagé la lutte bien avant que les seigneurs de Wall Street et de la City ne fassent l’unanimité contre eux. Un candidat plus sérieux qu’on ne le croit, alors ? Discutable : voulez-vous connaître l’une des trouvailles phénoménales que contient son programme ? La réduction du voyage jusqu’à la planète Mars de plusieurs années à quinze jours ! Ce n’est pas une blague ! Avant même d’être élu, il se croit déjà capable d’influer sur le cours des astres ! Une mégalomanie qui n’a rien de surprenant pour qui a vu la page d’accueil du site internet de son parti, où tout est fait pour lui rendre gloire jusqu’à plus soif ! Il est vrai qu’il est facile de se prendre pour un grand chef quand on prêche dans le désert, surtout si ce prêchi-prêcha est un n’importe quoi auquel personne ne veut s’abaisser à opposer la contradiction…

Voilà, je vous ai dit ce que j’en pensais, vous en faites ce que vous voulez, maintenant… Allez, salut les poteaux !


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