Acor sos racisme observe le silence

Par Haykel

En marge de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale par Karl Grünberg

Des attentats terroristes et racistes ont tué sept personnes dont trois enfants. De nouvelles manifestations d’antisémitisme font écho à l’islamophobie qui envahit la vie politique.

Le 21 mars est consacré depuis 1966 à l'élimination du racisme.

Le 21 mars 1960, la police sud africaine a tué 69 manifestants pacifiques. En proclamant le 21 mars «Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale», les Nations Unies ont engagé la communauté internationale «à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale».
L’apartheid fut aboli en 1991. Dix ans plus tard, hommage à ce combat, la Conférence mondiale contre le racisme avait lieu à Durban en Afrique du Sud.
Le racisme progresse dans le monde et fait peser de nouveaux enjeux sur la commémoration de 2001. Condamnant la traite négrière et le colonialisme, la Conférence dénonce les discriminations contre les migrants et les réfugiés.
En 2012, près de vingt ans après les Accords d’Oslo, la reconnaissance de la Palestine n’est toujours pas à l’ordre du jour. Cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie où en est la reconnaissance des crimes du colonialisme? Et le combat contre l’islamisme qui justifierait la sale guerre menée en Afghanistan n’est-il pas invoqué en France et ailleurs pour interdire la burqa ou même le foulard que portent en privé des assistantes maternelles?

Désormais, les responsables politiques recourent délibérément au racisme En 1987, Le Pen soutenait que «les chambres à gaz» sont «un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale». Quatre ans plus tard il était condamné.
Aujourd’hui, les plus hautes instances multiplient les petites phrases irresponsables aussitôt banalisées comme autant d’efforts pour arracher des voix au Front National. Pour Nicolas Sarkozy «l’homme africain est incapable de s’inventer un destin»[1]. Et Claude Guéant, son ministre de l’Intérieur, vient d’asséner que «toutes les civilisations ne se valent pas».
Le rouleau compresseur de «la réforme» plonge dans la misère et le désespoir des millions d’hommes et de femmes, de jeunes gens, de personnes âgées. Beaucoup se revendiquent «Français de souche», ou «vrais Suisses». Qu’expriment-ils sinon l’espoir que leur passeport les protégerait du désastre qui grandit?
Jugera-t-on les responsables de leurs angoisses qui s’enrichissent en spéculant, bénéficient de niches fiscales, démantèlent les assurances sociales, pillent les pays pauvres et traquent leurs migrants réfugiés dans leurs métropoles?
Combien d’années la banalisation du racisme nuira-t-elle encore à la société?
Qui ne connait l’histoire du petit hollandais qui boucha toute une nuit la faille dans la digue qui protégeait son village? La digue a tenu et le village fut sauvé. Les associations combattant le racisme sont hélas aujourd’hui insuffisantes à le faire reculer.
Comment faire entendre le seul message qui ait du sens?
· L’appel à réunir la société civile sans exclusive aucune pour refuser toutes les manifestations et les discours de haine?
· L’appel à civiliser la vie politique contre les préjugés raciaux, les discriminations, la guerre et le pillage sans vergogne des ressources de pays jugulés, de peuples asservis.

Karl Grünberg

ACOR SOS Racisme
 21 mars 2012

[1] Discours de Dakar, 2007 : « Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès »

Et demain est un autre jour!