Les multiples opérations ont déjà bien commencé. A lire les blogs de Messieurs Thunevin et De Rouyn, la communication bordelaise a lancé sa machine. C'est du lourd.
On regardera avec intérêt les petits films (système remarquable : va falloir que je m'y mette) sur le blog de Nicolas : ICI . Les informations sont claires, les questions précises et les réponses ne sont pas trop langue de bois.
Une des conclusions qu'on peut en tirer, c'est qu'il y a vraiment deux mondes à Bordeaux. Celui des quelques grandes marques (essentiellement les premiers et équivalents en rive droite, plus quelques noms comme Pontet-Canet, Lynch-Bages, Pape-Clément) qui sont plus attentives au contexte économique (pondéré par l'image du millésime), et les autres propriétés qui attendent les notes des critiques ayant une réelle influence sur le marché : Parker, Robinson, Gabriel, Bettane, Burtschy, Perrin et quelques autres.
L'image qui ressortira de tout cela sera probablement la suivante :
- le millésime n'est pas si mauvais que cela
- les domaines qui travaillent bien leurs vignes ont également des outils de tris, de vinification qui permettent de présenter des vins qui apporteront de réelles satisfactions aux amateurs
- on identifiera ce 2011 assez facilement au 2008 (qui évolue bien), au surprenant 1997 qui a offert de belles surprises, parfois même au 2001. On insistera sur les équilibres d'un millésime qui pourra se consommer jeune, sans grande prétention à vieillir impérativement plus de dix ans.
- on essaiera de proposer aux négoces des prix (c'est à dire des marges) qui soient moteur d'achats.
Sur ce plan, il est évident que chacun proposera probablement des prix inférieurs au duo reconnu des 2009 et 2010. Mais est-ce que cela sera suffisant ? Faudra t'il aller jusqu'à des - 20 % et plus ?
On a le sentiment - à tort ou à raison - que le monde entier reste demandeur de bordeaux et que les marchés extérieurs à l'Europe ont besoin de s'alimenter quand bien même ils savent qu'il n'y aura pas d'aura comme pour le 2009 lequel, selon Parker, est quasi supérieur au célébrissime 1982 (lire à ce sujet le papier d'Asimov : ICI).
Je reste convaincu que bien des crus dont les noms commencent à être familiers aux amateurs, s'ils arrivent aux clients finaux autour de € 30 ttc, trouveront des sorties honnêtes. En effet - on l'a déjà écrit - il faut savoir que bien des noms dépensent pratiquement autant qu'à Margaux, Latour ou Lafite. En France, naturellement, et comme c'est un peu l'habitude depuis quelques années, on fera les yeux doux à la GD (Grande Distribution) qui doit alimenter ses ventes d'automne, le bordeaux restant, et pour longtemps, la région essentielle à leur promotion.
Quelle sera l'attitude du négoce ? Solidement assis sur ses stocks de 2009 et 2010, il affichera probablement une grande sérénité face à des propriétaires qui voudront quand même vendre suffisamment de quantité pour amortir leurs coûts. Le rapport de force va se modifier, c'est certain.
Vinexpo à Honk-Kong (fin mai) sera certainement un moment essentiel pour avoir une image juste de ce marché des 2011.
Comme chaque année depuis 8 ans, le GJE ira déguster à La Dauphine (merci mille fois Monsieur Guillaume Halley pour nous recevoir si généreusement) les crus du Cercle Rive Droite (CRD) dans le millésime 2008. Plus de 130 crus sur deux jours de sessions à l'aveugle, comme il se doit. On vous dira tout.
Et pendant ce temps, d'autres régions s'appliquent à promouvoir leurs propres vins.
Les Grands Jours de Bourgogne ont été un réel succès, et les amateurs attentifs, lecteurs de blogs et de forums, savent qu'ici ou là, Loire, Jura, Languedoc-Roussilon, même le Rhône qui surfe sur la passion parkérienne pour cette région, on trouve des joyaux à prix doux ou corrects. Le Beaujolais remonte en flèche : c'est mieux que bien.
Le vin, le grand vin, celui qui offre à l'amateur de réelles satisfactions, est plus que jamais d'actualité (voir le succès du site du Figaro). Toutes les grandes écoles - et même au niveau mondial - ont des clubs de passionnés qui concourent entre eux. Les belles revues de vin comme FINE ou TWFW ont du succès, la RVF s'envole en Chine comme les dynamiques Bettane-Desseauve, et tous les ukases des lobbies "anti-vins" s'époumonent et commencent à tousser dans le vide, vues les exagérations qui les caractérisent.
Bon, il y a quand même des problèmes :
Les nouvelles lois européennes sur les AOC, droits de plantation et autres qui vont probablement façonner l'Europe du vin autrement. On a des incertitudes sur cette évolution. L'Italie qui a aussi connu, surtout en Toscane, une baisse sérieuse de son chiffre d'affaires, est en train de remonter la pente. L' Allemagne et l'Autriche ont mis en place des outils plus performants de communication, et les nouveaux pays comme la Slovénie, la Hongrie, la Croatie ne veulent pas rester sur le carreau. Il y a surproduction, c'est certain. La sortie ne peut se faire que par le haut et via des associations de promotion capables de courir le monde pour faire connaître leurs crus.
Le vin a été, est et doit rester un socle majeur des économies européennes. Chacun a compris à quel point il est essentiel d'attirer les jeunes générations qui n'ont pas connu, comme les nôtres, une éducation au vin. Les stupides "binge" doivent être remplacés par autre chose où le vin peut jouer un rôle clé. A ce propos, une bonne nouvelle. A Bordeaux, pour les fêtes annuelles des écoles de commerce, j'apprends que les "alcools" sont interdits, mais le vin permis. Voilà une bonne nouvelle.
Bon, mine de rien, va falloir que la critique qui débarque à Bordeaux s'affranchisse du commentaire particulièrement négatif de Parker … qui sera quand même là pour informer ultérieurement ses lecteurs américains. Gageons qu'il trouvera quand même quelques beautés et donnera sa liste habituelle de "sleepers", ces vins moins connus qui sortiront du panier.
A suivre…