Après un an de guerre civile sans que l’un ou l’autre des camps semble décidé à céder, il ne reste guère que deux scénarios : l’écrasement ou l’éclatement.
Un article de l’aleps.
Tout le monde salue l’héroïque vaillance des révolutionnaires syriens. Ils ont acquis la sympathie de l’opinion publique mondiale pour diverses raisons : la disproportion entre leurs moyens et ceux de Bachar El-Hassad, la sauvagerie de la répression qui vise les civils, femmes et enfants, aussi bien que les opposants armés, les convois de réfugiés qui cherchent à regagner la Turquie.
Il est hélas plus facile de résumer une année de lutte et de violence que de poser un diagnostic sur l’avenir du pays. Un cessez-le feu imposé par l’ONU ou quelque coalition étrangère semble exclu, Bachar El-Hassad ne se livrera pas au Tribunal Pénal International. Russes (c’est sûr) et Chinois (probablement) seront opposés à quelque intervention étrangère que ce soit.
Affiche avec le portrait du président Assad, avec l'inscription Que dieu protège la Syrie (CC, Bertil Videt)
Restent alors deux scénarios. Le plus dramatique serait celui de l’écrasement complet de la rébellion. C’est la carte jouée actuellement par le pouvoir, qui regagne chaque jour du terrain en soumettant ville après ville, en intensifiant bombardements et exécutions sommaires. Bachar El Haad spécule sur la pusillanimité des Occidentaux. S’il ne réussissait pas – c’est une affaire de semaines – il ne lui resterait qu’une solution : se replier sur un réduit alaouite. Cette hypothèse est retenue par Antoine Basbous dans un article du Figarode jeudi 15. Il prend argument de la dimension religieuse de la révolte syrienne : il s’agit pour les sunnites (salafistes) de s’opposer à la communauté alaouite (chiite) qui a accompagné la famille El-Hassad au pouvoir. Les Iraniens sont désireux de maintenir le « croissant chiite » qui passe par la Syrie, par le Hezbollah au Liban, et par Téhéran. Les Russes ont intérêt à maintenir une enclave alaouite en Syrie, car ils sont installés sur la base de Tartous. Israël ne voit pas d’un mauvais œil l’éclatement de la Syrie.
Ces remarques sont utiles, car elles ramènent sans doute le conflit à ses vraies origines, et non pas à la seule confrontation entre une démocratie et une dictature, ou entre un pouvoir laïc et l’islamisme. Un seul oubli dans tout cela : le sort des chrétiens syriens, martyrs et silencieux.
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