La morphine est un composé majeur de l'opium, extrait du pavot et connu pour ses propriétés psychotropes, sédatives et analgésiques. L'action de la morphine est relayée par les récepteurs µ-opiacés exprimés à la surface des cellules du système nerveux central. Ces récepteurs font partie d'une superfamille de protéines, les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) qui sont la cible d'environ 30 % des médicaments actuellement sur le marché.
Au niveau moléculaire, la morphine, mime l'action des endorphines, ces molécules produites naturellement dans le cerveau. Son utilisation clinique est limitée par le développement d'un phénomène de tolérance obligeant à augmenter la dose de morphine au fur et à mesure pour maintenir l'effet thérapeutique et par la dépendance. A ces limites s'ajoutent de graves effets secondaires liée à une réponse cellulaire différente de celle induite par les endorphines.
Un mode de fixation différent aux récepteurs du cerveau : Les chercheurs ont découvert que si la morphine et les endorphines se lient au même récepteur, elles stabilisent les récepteurs dans des conformations spatiales distinctes. « C'est la toute première fois que nous réussissons à visualiser la structure 3D d'un tel complexe pour cette famille de récepteur », expliquent-ils. La structure 3D des récepteurs du cerveau sur lesquels se fixent la morphine ou les endorphines, est probablement différente selon que l'une ou l'autre des molécules s'y fixe, explique l'Inserm. La réponse de l'organisme, va donc être différente.
Cette découverte pourrait permettre de développer des molécules conservant les effets bénéfiques de la morphine sans pour autant induire d'effets secondaires, explique Sébastien Granier, chercheur à l'Inserm et principal auteur de l'étude.
Sources : communiqué Inserm et Nature « Crystal structure of the µ-opioid receptor bound to a morphinan antagonist” Visuel : « Visualisation en 3D du récepteur µ-opiacé lorsqu'il est associé à un antagoniste de la morphine ». crédit photo Kobilka Lab- Vignette : »Visualisation en 3D d'un dimère du récepteur µ-opiacé ».