Juke-Box - Jean-Philippe Blondel
Éditions Robert Laffont (2004)
Dans Juke Box,chaque chapitre a pour titre une chanson, depuis 1970 jusqu'à 2004. Deschapitres qui s'enchainent et une vie qui se déroule, de l'enfance à l'âgeadulte. Yoann égrène les souvenirs d'enfance, aux côtés de son frère et de sesparents. Il raconte les souvenirs de vacances, les dimanches chez lagrand-mère, les disputes des parents et les chamailleries avec son frère. Certainsépisodes sont cocasses comme le cours d'anglais, d'autres émouvants outragiques, lorsque le narrateur se retrouve seul dans la vie, à la suite d'unaccident de voiture. Trop vite plongé dans l'âge adulte, il cohabite quelquestemps avec Marie et Vincent, dans un ménage à trois qui fait jaser dans laville de son enfance. Insatisfait, Yoann fuit en Amérique du Sud, entamant uneexistence de routard qui va durer quelques années. Puis c'est le retour enFrance et petit à petit, une existence qui se normalise, sans toutefois amenerl'apaisement , qui ne viendra que longtemps après.
C'est unehistoire pleine de nostalgie, autant par l'évocation des années qui passent quepar les titres des chansons qui ponctuent les chapitres. C'est le deuxièmelivre de Jean-Philippe Blondel que je lis, après Le Baby-sitter et j'aime sonstyle, plein de sensibilité et sans artifices. L'émotion effleure dans ceslignes mais est retenue, le narrateur raconte sans détour, s'exprime en toutefranchise et ne cherche pas à masquer ses faiblesses et son désarroi. C'est le roman d'une vie, de la vie dans cequ'elle peut avoir de tragique ou de bien-être, dans les bons et les mauvaisjours, au fil des années qui s'écoulent, si vite et si lentement.Extrait (page 199) :
Un trente-troistours qui sent le voyage en Angleterre – la couverture noire et un danseur enblanc avec une chemise grande ouverte qui danse sur une piste multicolore, jen'ai pas eu le droit d'aller voir le film, parce que je suis trop petit, maisil m'offre le disque et me dit "le disque, c'est mieux, tu le gardes touteta vie et tu l'écoutes autant de fois que tu veux". Je reconnais d'embléeles premières notes, les voix stridentes qui chantent qu'il faut rester en vie.