Récit
J’ai lu et relu dans le Lonely Planet, et sur de nombreux sites web, la phrase suivante : « Les Togian sont le seul endroit d’Indonésie où l’on trouve ensemble les trois environnements majeurs de récifs : atoll, barrière et récifs frangeants. » Oh ben c’est que ça doit être chouette alors ! Il m’a fallu quand même faire quelques recherches pour comprendre la différence entre ces trois types de récifs coralliens. Pour les intéressés, j’ai trouvé des explications très détaillées avec de beaux schémas sur un site assez bien fichu : Base de Connaissances sur les Coraux des Mascareignes.
Ces quelques notions de géologie en poche, je peux aborder les Togian plus sérieusement. Mais à côté de cette description encourageante, j’ai aussi trouvé des tonnes de mauvaises critiques sur les Togian : corail détruit par la pêche à la dynamite et au cyanure, peu de diversité, pas de gros poissons. Le mieux était donc d’aller vérifier par moi-même.
Une variété incroyable de coraux
Hé bien je n’ai jamais vu ça ! Des coraux, des coraux et encore des coraux. Des trucs incroyables, dont j’ignorais parfois l’existence !
Selon les sites, le relief varie entre tombants, canyons, récifs en pente douce, formations rocheuses et jardins de coraux.
La corail mort des Togian
C’est vrai, certains endroits sont complètements ravagés par la pêche à la dynamite et au cyanure. Pratiques pourtant prohibées, elles n’en restent pas moins très courantes dans certaines régions d’Indonésie, et particulièrement aux Togian. Aveuglés par leur logique de productivité, certains pêcheurs n’hésitent pas à enfreindre la loi et à tuer ces merveilles de la nature, détruisant tout un écosystème.
Si l’on veut être tout à fait juste, on précisera qu’ils ne sont pas les seuls responsables. Le réchauffement climatique y est pour beaucoup, et notamment le phénomène El Niño (inversement des vents et donc des courants océaniques), qui sévit dans le Pacifique sud. A ce sujet, j’ai trouvé une petite animation très claire sur le site de Météo France.
Soyons quand même objectifs et positifs : la pêche à la dynamite, pratiquée intensivement dans les années 90, a considérablement diminué. Et honnêtement, sur la quinzaine de plongées qu’on a faites aux Togian, on a vu seulement trois ou quatre endroits dévastés : il semble que le corail commence à reprendre ses droits.
La plongée chez Fadhila
Ici, on y va lentement. Saiful, notre guide de plongée, est là pour nous montrer le chemin, pas pour nous fliquer. Il faut dire qu’il n’est pas divemaster, et ce n’est pas vraiment dans l’esprit du coin de faire à la va-vite. Pas de consigne « 50 minutes ou 50 bars » comme dans beaucoup d’endroits (notamment à Sipadan). Donc on est peinards, on le prévient à 50 bars mais c’est tout, et on termine près de la surface, quand la bouteille est presque vide. A chacun de gérer sa plongée et sa consommation d’air. Bon évidemment on a les ordinateurs de plongée, qui nous permettent d’être autonomes. Et si vous n’en avez pas, Saiful veillera de plus près sur vous.
Autre caractéristique de la plongée à Tomken, la palanquée se résume souvent à… nous deux ! C’est bon d’avoir le temps d’aller à son rythme, de traîner pour les photos, de choisir son site. Cela dit on a fait quelques plongées bien sympathiques avec la « dreamteam » des Français et des Suisses Allemands.
Côté matériel, il ne semble pas du dernier cri . Je crois que Silvia a eu un petit souci avec son détendeur, mais rien de grave. Nous, on a nos propres détendeurs. Le bateau qui nous emmène en plongée est une sorte de longue et fine pirogue à balanciers (comme on en voit beaucoup à Bali) équipée d’un moteur plus ou moins puissant en fonction de la distance à parcourir. J’adore le charme de ces embarcations. Le matériel de plongée est posé au sol, à l’avant, et on s’installe sous le auvent, assis par terre, à l’abri du soleil. Sans être le top du confort, c’est bien mieux que le tout petit speedboat sans auvent que nous utilisions à Derawan en 2009 et 2010, et qui a valu à Jean-François un méchant coup de soleil sur les lèvres.
Des éponges en pagaille
Je n’en avais jamais vu une telle concentration. Il y a les éponges tubulaires, qui se présentent sous la forme d’un groupe de tubes joints à la base. Il y en a de toutes les tailles et elles sont partout. Elles donnent beaucoup de relief aux fonds marins, et je trouve qu’elles ont un look assez futuriste ! On voit aussi pas mal d’éponges barriques, dans lesquelles je cherche désespérément des poissons…
Les petites bêtes qu’on aime tant
Je n’ai jamais réussi à dire si je préférais le petit ou le gros en plongée. Je crois en fait que j’apprécie énormément les deux. On ne plonge pas de la même manière quand on cherche des petites bestioles et quand on regarde passer des gros machins. Dans le premier cas, c’est un peu l’exploration, avec au bout, la fierté et le bonheur de dénicher la bébête qui se planquait dans un coin. Dans l’autre, je suis toujours saisie par la force et la grâce des gros poissons, et par la puissance du groupe lorsqu’il s’agit d’un banc.
Aux Togian, c’est vrai qu’il y a surtout du petit, et ce n’est pas pour déplaire à Jean-François qui, armé de son nouvel appareil photo et caisson, s’en donne à cœur joie avec les nudibranches, crevettes et autres anguilles de jardin (garden eels).
Je suis d’ailleurs assez fière d’avoir repéré une minuscule crevette qui sortait timidement de son trou dans le corail, alors que j’observais des « sapins de Noël ». Elle faisait tout au plus cinq millimètres. On a aussi vu quelques jolies anguilles-rubans bleues (blue ribbon-eels), notamment autour de Karina Beach. Et j’ai croisé pour la première fois un poisson-épervier nain (dwarf hawkfish), petit poisson très coquet, dont l’arête dorsale semble être coiffée de petites couettes !
Du gros à Una-Una
Una-Una est une île volcanique à quelques heures de bateau de Tomken. Pour s’y rendre, mieux vaut être plusieurs plongeurs, afin de diviser l’addition. C’est le seul endroit aux Togian où l’on trouve du gros. Nous voilà donc partis au petit matin sur un bateau au moteur trop bruyant (bouchons d’oreilles indispensables), pour deux heures de navigation (contre trois annoncées). En effet le gros est là. Notamment des bancs de carangues et des carangues géantes. On n’a malheureusement pas croisé le spectaculaire banc de barracudas qu’on nous avait promis.Quelques jolis spots autour de Tomken
Mes deux sites favoris : Reef Number 1 et Hotel California. Ce dernier est tout près d’une petite cabane en bambous sur pilotis, qui porte le même nom. Un vrai bonheur de faire une pause à cet endroit, entre deux plongées, l’impression d’être au bout du monde (voir l’article Togian islands ou la vie rêvée des anges).
C’est à Hotel California qu’il y a des anguilles de jardin (garden eels). Pas évident de photographier ces petites bêtes qui vivent en colonies (de plusieurs centaines d’individus), ondulant dans le courant en quête de plancton. Dès qu’on s’approche un peu trop, elles se planquent dans leurs terriers.
Lors de notre passage sur ces deux sites, la visibilité était vraiment belle. Là encore, de magnifiques jardins de coraux et des poissons par milliers. Pour presque toutes nos plongées, on a eu une visibilité extraordinaire (dans certains cas plus de 30 mètres paraît-il). Ça fait aussi partie des petits plus des Togian.
Pour la petite histoire, il y a pas mal d’endroits autour de Tomken qui ne portent pas encore de nom. Et la tradition semble être de baptiser les sites du nom des touristes. Reef number 1 devrait donc devenir officiellement « Jeff Reef », du surnom de Jean-François, qui a bien aimé ce site. Dans le même genre, on a plongé à « Kris Spot », qui a dû beaucoup plaire il y a quelques années à un touriste nommé Kris. On a aussi fait une halte à Karina Beach, cette plage immaculée où la Suisse Karina fut la première touriste à débarquer il y a une quinzaine d’années.
L’épave du bombardier américain
Le B-24 Liberator est un bombardier américain qui s’est fait shooter en 1945 par un avion de chasse japonais. L’équipage a amerri en urgence et a pu se dégager de l’avion avant qu’il ne coule. Il gît sur le sable à 22 mètres de profondeur, à environ 30 minutes de Kadidiri (et une heure de Tomken).
A cause de la mangrove qui borde le site, la visibilité n’est pas extraordinaire, d’autant qu’il pleut lors de notre passage. L’eau est verte avec beaucoup de particules en suspension, mais on voit encore très clairement la structure de la carlingue, le cockpit et le volant, les moteurs à hélices sous les ailes, ainsi que les mitrailleuses.
Le lac aux méduses
Alors là, il faut que je vous raconte THE anecdote. On a découvert un lac aux méduses, copie conforme et miniature de celui de Kakaban à Bornéo. Il abrite des méduses qui ne piquent pas, avec lesquelles on peut jouer tranquillement. L’anecdote est très sympathique, et je viendrai vous la raconter dans un prochain article.
Au final c’est sûr, on pourra toujours préférer Bunaken, où les tombants sont spectaculaires, les tortues fourmillantes et la visibilité impeccable. Mais il faut savoir reconnaître à chaque site sa valeur. C’est vrai qu’aux Togian, il y a des zones où le corail est complètement mort, et assez peu de gros, mais franchement ces plongées restent un excellent souvenir de diversité, de beauté et de lenteur.
⊕ Infos pratiques
» Plongée à Fadhila Cottages
Les prix s’entendent par personne, équipement, guide de plongée, thé, café et fruits inclus, pour des plongées sur les sites locaux.
- Sortie bateau, une plongée par jour : 25€
- Sortie bateau, deux plongées par jour : 45€
- Troisième plongée le même jour : 18€
- Plongée depuis la plage, sans guide : 15€
- Plongée de nuit : 28€
Les plongées se font généralement le matin, retour à Fadhila pour le déjeuner
Forfaits plongée :
- 10 plongées donnent droit à une plongée gratuite
- 20 plongées donnent droit à deux plongées gratuites
- 27 plongées donnent droit à trois plongées gratuites
- 36 plongées donnent droit à quatre plongées gratuites
Plongées sur sites éloignés :
Les prix s’entendent par bateau, à diviser entre tous les plongeurs.
- Taipi Wall, Mini Canyon, The Crack, Reef 4, Dominic Rock : +10€
- Épave du bombardier B-24 : +25€
- Una-Una (plus gros bateau) : +100€
» Snorkeling à Fadhila Cottages
Equipement complet (palmes, masque, tuba) : 30 000 Rp / personne
Masque et tuba : 17 500 Rp / personne
Palmes : 17 500 Rp / personne
Bateau charter pour une excursion en snorkeling (max. 6 personnes) : 300 000 Rp le bateau
Les snorkelers peuvent se joindre au bateau des plongeurs sur les sites locaux : 50 000 Rp / personne
» Hébergement à Fadhila Cottages
Bungalow en demi-pension : de 150 000 à 250 000 Rp / personne / jour
Salle de douche privée, terrasse, hamac
fadhilacottages.free.fr
» Pour réserver
Contacter Jafar :
☎ +62 813 41 17 99 90 ou +62 852 90 48 17 77
✉ [email protected]
Cartes
Les sites de plongée aux îles Togian
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