Mike Proulx, Stacey Shepatin, Social TV, John Wiley & Sons, 2012, index (cet "index" n'est pas clicquable dans la version numérique du libre !).
L'ouvrage repose sur un inventaire complet des relations qui peuvent être mises en place, du point de vue du marketing, entre la télévision, considérée comme média central, et des médias périphériques, plus ou moins mobiles, l'ordinateur, le smartphone et les tablettes (qui apportent la portabilité à la télévision). Socialisation de la consommation télévisuelle, évolution du guide de télévision, le double écran et la multi-activité (multiscreentasking), la mesure, anticipation de la télévision connectée et de ses applis sont les principaux thèmes de la nouvelle consommation télévisuelle.
Chaque chapitre s'achève par quelques pages de liens donnant accès aux sites évoqués dans le texte.
La conclusion débouche sur deux questions cruciales :
- Est-ce que la télévision socialisée dynamise ou use l'expérience télévisuelle ?
- Quelle place peut prendre la publicité dans la nouvelle expérience télévisuelle ?
Cet inventaire des expériences de télévision socialisée est à jour pour les Etats-Unis jusqu'à 2011 mais, comme dans la plupart des essais américains, il ignore le "reste du monde", ne traitant ni l'Asie ni l'Europe. Ethnocentrisme courant, tacite, qui ne va pas sans conséquence, évidemment. La TV dont on parle est implicitement la télévision américaine, ses networks et son public. Les lecteurs devront donc garder à l'esprit ce biais originel et essayer d'imaginer comment les analyses et les conclusions du livre peuvent s'adapter, ou non, à d'autres marchés média, à d'autres langues et traditions culturelles.
Dans la perspective d'une télévision socialisée par les smartphones, les tablettes et les ordinateurs, les émissions et le téléviseur interviennent comme stimuli d'activités de communication. Provoquant des réactions en temps réel, immédiates. Plus ou moins spontanées, peu calculées charriant des clichés et des impensés, donc révélatrices de la culture télévisuelle. A la manière de François Jullien (cf. Cinq concepts proposés à la psychanalyse, Grasset, 2012), on remarquera que, dans la "social TV", on "parle" plus que l'on ne "dit", ce qui rompt avec les discours de journalistes, toujours calculés et définitifs. Du coup, l'analyse des contenus langagiers produits à l'occasion de ces conversations peut être très riche (mais incommode). Elle peut aussi être occasion d'évaluer l'audience et son "engagement".
Enfin, la socialisation de l'expérience télévisuelle est présentée de facto comme inévitable. Le "désir d'interactivité" (S. Medioni) ne va pas pourtant pas de soi. Assistons-nous à un renouvellement du discours d'accompagnement, au profit des fabricants de terminaux mais aussi de la publicité ?