L'utilisation de certains antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), comme Prozac® ou Zoloft®, pendant la grossesse, est liée à un risque accru de pré-éclampsie induite par hypertension, suggère cette étude publiée dans l'édition du 19 mars du British Journal of Clinical Pharmacology.
L'hypertension pendant la grossesse est fréquemment associée à la pré-éclampsie. Cependant, les auteurs précisent aux femmes enceintes de ne pas cesser de prendre leur traitement antidépresseur, mais plutôt de discuter de ce risque avec leur médecin.
L'étude a porté sur 1.216 femmes du Registre québécois des grossesses diagnostiquées avec hypertension gravidique avec ou sans pré-éclampsie et sans antécédents d'hypertension avant la grossesse et sur 12.160 témoins appariés. L'étude montre que l'incidence globale de l'hypertension chez les femmes qui prennent des ISRS augmente d'environ de 2% à environ 3,2% soit une augmentation du risque relatif (RR) de 60%. La paroxétine, en particulier, a été associée à une augmentation de l'incidence de l'hypertension à environ 3,6% (soit RR : 81%).
« Ces résultats sont un indicateur précoce du risque supplémentaire associable à un traitement antidépresseur au-delà de ce qu'il est raisonnable d'attribuer à la dépression ou aux troubles anxieux en l'absence de traitement», explique l'auteur principal, le Dr Anick Bérard, directrice de l'Unité de recherche sur la grossesse au CHU Ste Justine et professeur à l'Université de pharmacie de Montreal.
Les antidépresseurs, parmi les médicaments les plus couramment utilisés pendant la grossesse : Jusqu'à 20% des femmes enceintes sont touchées par la dépression et entre 4% et 14% des femmes enceintes utilisent fréquemment des antidépresseurs. Le message, cependant, n'est pas de dire aux femmes enceintes d'arrêter de prendre des antidépresseurs, car lorsqu'une femme stoppe leur utilisation, cet arrêt pendant la grossesse est associé à un risque accru de rechutes dépressives et de dépression post-partum. «Ce sont donc des décisions individuelles qui doivent être prises en pesant les avantages et les risques avec soin, en consultation avec le médecin. Il n'y a pas de« risque zéro »», explique le Dr Bérard.
Cette recherche montre l'importance de pleinement évaluer les risques et les avantages de l'utilisation des antidépresseurs pendant la grossesse pour la mère et l'enfant.
Source: British Journal of Clinical Pharmacology DOI: 10.1111/j.1365-2125.2012.04196.x “Antidepressant Use During Pregnancy and the Risk of Pregnancy Induced Hypertension” (Visuel © anna - Fotolia.com)
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