(D’après Gilles Henry, L’habit ne fait pas le moine, Ed. Tallandier 2003) :
Courir comme un dératé.
Pline, dans son Histoire Naturelle, rapporte que les Anciens desséchaient (en fait, réduisaient et empêchaient de gonfler) la rate des coureurs afin d’améliorer leurs performances, en utilisant une décoction de prêles (déjà le dopage !)
À la fin du XVIIème siècle, cette légende fit l’objet d’essais réels sur des animaux. Nul ne put prouver qu’un animal dératé courait plus vite que les autres.
Aujourd’hui, l’expression continue pourtant de signifier ‘courir extrêmement vite’.
Courir le guilledou.
C’est Agrippa d’Aubigné qui utilise courir le guilledou pour courir l’aventure, pendant qu’on se sert également de courir le guidrou pour fréquenter les mauvais lieux.
Puis le poète Scarron parle en 1644 du guilledou qui aurait évoqué le loup-garou.
Le mot vient probablement du verbe guiller (tromper) et une altération de doux, dont le sens évoque l’idée d’attirance sexuelle mêlée à celle de tromperie ou de ruse.
Découvrir le pot aux roses.
S’agit-il de ce rose d’une poudre qu’utilisaient les dames pour se maquiller ?
Si oui, cela voudrait dire que l’on est fort intime avec elle.
En odeur de sainteté.
On a jadis rapporté que le corps d’un saint passait pour dégager une odeur suave qui le distinguait des autres cadavres au moment de la mort.
(Philippe de Néri et Thérèse d’Avila avaient cette particularité.)
En son for intérieur.
Du mot latin forum qui signifie place publique où était rendue la justice, puis la juridiction ecclésiastique.
On distingua le for intérieur : l’Église condamnant les fautes après la confession.
Et le for extérieur : les fautes jugées par les tribunaux ecclésiastiques.
Au XVIIIème siècle, le sens évolua : Le for extérieur qualifia les institutions civiles, juges et tribunaux.
Le for intérieur s’appliqua aux jugements de la conscience sur les choses morales et par extension, la conscience elle-même.
Entre la poire et le fromage
Dans les temps anciens, les légumes n’étaient que très rarement servis aux repas juste avant le fromage, on croquait seulement une poire bien juteuse pour se laver la bouche et réveiller les papilles.
C’était un moment de détente, une version sobre du célèbre trou normand.
Riche comme Crésus
Le dernier roi de Lydie, Crésus, régna au VIème siècle avant J.-C. Il était célèbre pour ses fabuleuses richesses qui provenaient du Pactole, long fleuve qui charriait des paillettes d’or.
Se faire tirer l’oreille
Au temps des Romains, une coutume voulait que les témoins cités par le plaignant puissent être contraints par celui-ci. S’ils ne se présentaient pas, on les trainait en leur tirant l’oreille.
S’en moquer comme de l’an quarante
Au Moyen-Âge, quand un chevalier chrétien se moquait de quelque chose, on disait qu’il s’en moquait comme l’alcoran (déformation pour Coran, le livre sacré des Musulmans) qui peu à peu se transforma en « quarante »
Pendant la Révolution française, les royalistes, ironisant sur le calendrier révolutionnaire instauré en l’An II se plaisaient à dire qu’ils s’en moquaient comme l’an quarante, sous-entendu de la République.
Le supplice de Tantale
Tantale était fils de Zeus et roi de Lydie. Il fut condamné à subir dans les enfers une faim et une soif perpétuelles, pour avoir voulu éprouver les limites de la divination.