Les effets de la privation du sommeil.
La privation du sommeil et la prolongation de l'éveil entraîne une accumulation anormale de substances hypnogènes toxiques entraînant différents troubles croissants avec la durée de la privation.
A San Diego, Randy Gardner (17 ans) est demeuré 264 h sans dormir : à la fin de son « record » il a dormi 14 h 40 min. La nuit suivante il dormit 10 h 25 min et la 3e nuit 8 h 55. On a noté une augmentation importante de l'absorption de nourriture, mais aussi une altération des fonctions cognitives : vigilance, performances psychomotrices, élocution. Les fonctions végétatives, cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques résistent remarquablement.
Les effets de la privation de sommeil sont variables selon les individus, mais se manifestent dès 24 heures de privation.
A. PRIVATION TOTALE DU SOMMEIL
La durée des expériences contrôlées varie de 1 à 11 jours (264 h). Les effets sont multiples et leur intensité est fonction de la durée de privation et de l'état de stress du sujet. Voici les troubles dans l’ordre d’apparition :
1. Les troubles de l'humeur sont les premiers à se manifester
- Irritabilité et une irascibilité croissantes ;
- Alternance rapide (quelques minutes) d'euphorie et de dépression ;
- Indifférence à l'environnement avec le désir de rester seul.
2. Instabilité psychomotrice
La personne ne peut rester immobile, éprouvant le besoin de se déplacer, de changer de place, de position (debout, assis). De ce fait, elle a des difficultés à fixer son attention.
3. Troubles de la sphère visuelle
- Sensation de brulure et de picotements oculaires. La personne voit du brouillard autour des lumières, la lecture est alors difficile ;
- Changement de forme des objets. Le sujet a l'impression que le sol ondule, que les lumières clignotent, que les objets bougent rapidement dans le champ visuel latéral;
- Vraies hallucinations.
4. Troubles somesthésiques
La personne perçoit des fourmillements des mains et des pieds. Au niveau de la face, elle a l'impression d'avoir un chapeau très serré. Des trémulations des paupières et au niveau des membres sont observables. Les tests mettent en évidence une augmentation de la sensibilité à la douleur.
5. Troubles auditifs
Le sujet entend des bruits paraissant lointains (sifflements, cloches).
6. Désorganisation de la pensée.
Les troubles se caractérisent par:
- Une parole lente et basse. Aux questions posées, la réponse est longue à venir comme si le délai de réflexion était augmenté;
- Des difficultés à trouver le mot correct. Les phrases restent inachevées. Le sujet a des difficultés à garder un raisonnement logique. Il perd "le fil" logique du discours;
- De l’amnésie.
- Une confusion et une désorientation temporo-spatiale après 5 à 6 jours de privation.
7. Syndrome végétatif
- Tachycardie modérée
- Hyperthermie (38°-38°5).
- Sensation de faim
- Des céphalées, des gastralgies, une augmentation de la libido peuvent être observées.
8. La perception temporelle est modifiée
Tantôt le sujet croit que le temps passe vite, tantôt il le croit ralenti.
B. PRIVATION PARTIELLE
La privation partielle est réalisée avec les mêmes méthodes que la privation totale mais elle est limitée à 2, 3 ou 5 heures chaque jour. Les changements de rythmes de travail peuvent entraîner des privations de sommeil.
Les mêmes troubles sont observés mais leur apparition est plus progressive et peut s'étaler sur plusieurs semaines.