Project X : The most insane high school party of all time !
Au programme : Trois lycéens de terminal en quête de popularité organise en fin d’année la plus grosse soirée étudiante que le monde ai porté. Les conséquences seront à la mesure de leurs ambitions.
Teen movie à la sauce found footage : On commence à connaître par cœur le dispositif de la caméra amateur au style clairement secoué et nerveux, mais aussi porteur d’une ambition réaliste qui crée l’illusion. On se souvient que le format avait d’abord fait irruption en force avec Le projet Blair Witch, film indépendant au budget misérable devenu aujourd’hui l’un des films les plus rentables du box-office américain. De quoi donner des idées à Hollywood qui à vu dans ce dispositif résolument moderne une autre manière de raconter des histoires mais surtout un risque financier minimum.
Tout en conservant une logique de genre, Hollywood à su digérer le dispositif. Du film de monstre (Cloverfield 2008) au film de super héros (Chronicles 2012) en passant par le genre épouvante (Paranormal Activity 2009), on approche avec un regard neuf les mythes hollywoodiens en délaissant un style formel ample et stable au profit d’un style viscéral et direct. Pour autant les récits ne changent guère.
Tous les archétypes du genre : Certains diront que c’est la force du cinéma hollywoodien, d’autre sa faiblesse, je parle ici de la dialectique Variation/répétition qui structure l’industrie hollywoodienne. En des termes plus simple, cette dialectique se traduit par l’étrange sensation de voir toujours le même film sans jamais voir le même film !
Project X réutilise et confirme les nouveaux archétypes du teen movie hollywoodien en vogue depuis la vague des comédies produites par Judd Apatow et plus particulièrement Superbad (2007). Les trois compères de la comédie déjà culte de Greg Mottola sont ici littéralement clonés : un grand mince un peu peureux, un petit gros volontaire mais vulgaire et un geek soit-disant irrécupérable mais qui s’avèrera comme toujours être le plus cool de la bande.
Les figures de losers traversent décidément sans mal les décennies. De American Graffiti (1963) de Georges Lucas au cinéma pop de John Hughes dans les années 1980, Hollywood à toujours mis un point d’orgue à transformer les timides en superstars, et ce pour notre plus grand et plus coupable plaisir.
La popularité est plus que jamais le graal absolu, mais on mise ici sur le buzz à effet immédiat (génération internet oblige). La soirée étudiante devient alors sujet central et unique objet du film là ou elle n’était qu’une séquence clé parmi les autres dans les teen movies de l’ère classique. La romance est toujours présente mais largement diluée.
Génération Trash ? : un projet X pour une génération X. Le parallèle est tentant si l’on constate que la jeunesse actuelle semble avoir abandonner toute désir d’avenir pour célébrer l’instant dans une pulsion festive presque destructrice. Le recul historique nous permettra surement de lui accoler un adjectif convenable, reste qu’elle apparaît à nos yeux à la fois mystérieuse et inquiétante donc fascinante.
L’alcool coule à flot, l’ectasie pleut sur les têtes comme une pluie de confettis euphorisantes. Le désire de perte de contrôle, de masochisme volontaire est retranscrit avec beaucoup de justesse par des séquences de débauches sur fond de basses lourdes et d’effets stroboscopiques. Les corps de mêlent et se déhanchent et la pulsion du mouvement n’a jamais été aussi forte, peut être justement parce qu’elle n’a plus de but et qu’elle traduit dans ce cas un désespoir qui imprègne par instantl’écran.
Alors bien sûr le point de vue offert est presque exclusivement masculin mais peut-on pour autant parler de misogynie ? Car si on met de côté la séquence de la piscine aux filles nues, fantasme érotique inévitable à partir du moment de jeunes mâles se mettent à rêver la soirée de leur vie, Project X montre surtout une masse de jeunes indifférenciés où les filles autant que les garçons agissent à leur guise dans une atmosphère libérée. Si la jeune génération ne pense pas à demain, elle a au moins pour elle le sens de l’équité. Certains retiendrons les éternelles blagues vulgaires et pseudo-virils de puceaux frustrés, d’autres noterons qu’en matière de drague, ce sont les filles qui prennent les reines et impose leur choix.
L’obsession du spectacle : L’expérience ludique de Project X est jusqu’au boutiste et heureusement. On aurait été déçu de ne pas en avoir pour son argent mais non, on assiste bien à l’une des soirées les plus dingues jamais organisées, tout en profitant du format found footage qui nous immerge dans une illusion réaliste, tant au niveau de l’écoulement du temps que dans le basculement progressif de la soirée.
Le film à été tourné en 25 nuits et des tonnes d’images issues de smart-phones et de caméras amateurs ont été récupéré pour le montage final. Le résultat, à défaut d’être virtuose, convainc. On ne s’ennuie pas, on exulte devant les gags extrêmes et démesurés qui viennent bousculer le cours des évènements et transformer la soirée en fête de fin du monde.
Le cinéma d’action spectaculaire vient progressivement se percuter au teen movie pour un résultat apocalyptique. La soirée déborde et devient émeute. On a alors la sensation que le soleil ne se lèvera plus jamais, que plus rien de compte. La colère adolescente porté en étendard par John Hughes devient ici une pulsion destructrice incontrôlable mais hautement grisante. Le temps d’un soir ils ont été les maitres du monde. Le rêve adolescent est comblé.
Verdict : Si l’ambition de Project X était de nous faire vivre une soirée de folie, le contrat est à moitié rempli car si le film divertit, il ne marque pas non plus les esprits pour devenir immédiatement culte. Mais après tout, n’est ce pas le comble des soirées réussies ? On était tellement « capitaine fracasse » qu’on a gardé que les meilleurs souvenirs, comme des photos instantanées, des flashs. Tachons de faire la même chose avec cette petite gourmandise qui se dévore sans déplaisir et prolonge habilement l’univers attachant du teen movie hollywoodien.