Produire la ville impose d'interroger les règles d'urbanisme qui ne
correspondent plus toujours aux enjeux contemporains. La substitution du monde clos des villes par l'urbain généralisé et la flexibilité des modes de vie nous oblige à rechercher un urbanisme sur
mesure, adapté aux situations et aux territoires. Cette recherche s'intègre bien entendu dans celle d'une nouvelle gouvernance flexible des territoires.
L'échelle de la gouvernance n'est que rarement celles des administrations institutionnelles actuelles. Or jusqu'à présent, les plans
locaux d'urbanisme sont majoritairement portés par les communes alors que les habitants vivent une multi-apppartenance et que les territoires de vie et de travail se sont étendus. Il nous faut
dorénavant inventer un urbanisme sur mesure allant d'actions locales à des orientations stratégiques territoriales. Si la charpente des schémas de cohérence territoriale commence à s'imposer, le
périmètre des intercommunalités doit être interrogé pour coller au plus près des réalités géographiques et sociales. C'est dorénavant à l'échelle du grand territoire que les documents d'urbanisme
doivent s'élever pour être porteur, et plus seulement compatible, des politiques de l'habitat et des transports. Il faut réaffirmer l'importance de la planification à grande échelle. La fusion
des plans locaux intercommunaux avec les politiques de l'habitat permettra une grande cohérence d'action en offrant une place de choix à la politique foncière aujourd'hui trop peu développée. Et
à plus petite échelle? Ce sera le lieu privilégié d'un urbanisme négocié sur la base de la planification stratégique évoquée plus haut. Ce sera l'espace de la gouvernance flexible où les acteurs
définiront les échelles pertinentes d'intervention, tantôt se sera un îlot, tantôt un ensemble de quartiers. Cette logique de projet fait la part belle au temps en considérant une ville en
mouvement où les échelles d'intervention fusionnent.
Que dire des règles d'urbanisme qui sont tant décriées. Nous suivons tous avec intérêt l'urbanisme de projet que les prochains
décrets du grenelle 2 devraient mettre en place. Faut-il une simplification ou une libéralisation de ces règles? Rien n'est moins sur. Pour participer à l'instruction de projets
d'aménagement ou de particuliers, je suis toujours stupéfait de constater combien la règle est interprétée différemment, "particularisée" pour ainsi dire. D'autre part, je suis souvent surpris
par la faiblesse conceptuelle des projets présentés par des maîtres d'oeuvre formatés aux préoccupations de leurs clients. Il manque certainement au niveau de la programmation et de l'esquisse,
là où le projet se joue, un manque flagrant de discussion et de prise en compte de l'intérêt général. L'urbanisme sur meusre ne pourra se faire qu'à la condition expresse que la nouvelle
gouvernance implique tous les acteurs du projets en amont. Avec la culture toujours plus prégnante du développement durable, pourquoi ne pas imaginer que les orientations environnementales soient
discutées au début de l'élaboration d'un projet. Allons vers une gouvernance flexible au service de projets négociés où la règle doit devenir stratégique et non plus fermée. Derrière cela, il
existe le risque de déstructurer des quartiers et de laisser commettre des crimes architecturaux. Fort de cette crainte, à nous d'être intelligents.