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"Mufle" d'Eric Neuhoff

Par Angelalitterature


Recension pour La Cause Littéraire
Mufle, roman d'Eric Neuhoff, Albin Michel, 114 pages, 11€90. « Nous ne sommes pas mariés. L’amant c’était moi. De quoi avais-je l’air ? Ma maîtresse a un amant ». Charlotte a laissé traîner son portable. Le narrateur, son compagnon, découvre le message de son amant : elle le trompe, et le week-end qu’elle vient de passer à Londres « pour vendre des bijoux anciens chez Sotheby’s » n’était donc qu’un prétexte. Il lui fait une scène, elle ne répond rien. Débute alors la lente détérioration d’une relation. Il continue à la voir au début pour « savoir ce que ça faisait d’être un con ». Mais il pense à elle constamment, des tas de souvenirs lui reviennent à l’esprit : c’est la détresse de l’homme trompé, et encore amoureux. Penser encore à elle malgré tout, « il essayait de trouver ça grandiose et merveilleux. Mais qu’y a-t-il de beau à être piétiné par quelqu’un ?» Après quelque temps, il se met à faire des rêves étranges. Puis, il se met à la haïr, pour finir par se détacher complètement, et regretter presque de ne plus avoir aucun sentiment. On dit toujours que ce sont les hommes qui trompent leur femme, mais l’inverse existe aussi, et détruit et dégoûte tout autant les hommes :« C’est la vieille odeur de l’adultère. Elle vous prend à la gorge. Il ne s’agit plus du parfum paisible, anodin, de la confiance. C’est une odeur tenace, violente, chafouine, une odeur qui n’ose pas dire son nom ». Ce court roman d’Eric Neuhoff est la lente désintégration d’un amour, blessé par le mensonge, la totale indifférence et l’absence de tout remord de celui qui trompe. Mufle, c’est la douleur d’un homme, mais écrit avec légèreté, sans jamais un soupçon d’apitoiement, et sans appeler aucune pitié. Quelques pointes d’humour et d’ironie, parfois de dérision, se mêlent à la détresse de cet homme. On se dit que n’importe qui pourrait vivre la même histoire, qu’après tout, ça reste banal : une rencontre, un amant, un mensonge, une inattention, la découverte par l’autre, le sentiment de trahison, les souvenirs, puis l’amour qui part sans plus rien demander. « Elle se sera bien foutue de lui ». Myriam Thibault


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