Nous vivons vraiment dans un pays formidable. Quand un monstre assassine indistinctement soldats, adultes, enfants, musulmans, antillais, juifs, la nation sait se rassembler pour manifester son épouvante. Dans un souci bien légitime de décence, la campagne présidentielle est suspendue et, en tout premier, le candidat président renonce à ses interventions. Pris par les devoirs de sa charge, le président candidat, lui, assume son rôle de père de la nation et témoigne de son affliction et de sa volonté de punir le ou les criminels.
Déjà en 2002, on avait agité devant les électeurs le spectre de l'insécurité. On avait cru l'avoir faitrégresser grâce à l'action d'un certain ministre de l'intérieur lequel, à ma connaissance, en dépit de sa promesse, n'est jamais retourné sur la dalle d'Aubervilliers. Doté en 2007 de pouvoirs accrus, devenu président de la République, il n'a toujours réussi à ramener la sécurité dans notre pays. Mais ce thème est toujours aussi porteur pour les droites.
Nicolas Sarkozy s'est donc rendu à Paris dans le collège Pierre-Couperin. Il a observé avec tous les assistants une minute de silence puis a adressé quelques mots aux collégiens présents : " Ça aurait pu se passer ici, y aurait pu avoir le même assassin[...] l'assassin s'est acharné sur une petite fille, il faut réfléchir à ça ". Glissons sur cet habituel français d'inculte :" y aurait ". Par-delà ces enfants, c'est à nous que notre souverain s'adressait : Tremblez, braves gens, des tueurs sont là, tapis dans l'ombre, prêts à " égorger, nos fils et nos compagnes ".
Qui d'autre que lui pourrait donc mieux vous protéger ? Avez-vous noté la rapidité avec laquelle un suspect a été identifié ? Comment cela a-t-il été possible ?Grâce à l'excellence de notre police et de la DCRI. D'ailleurs l'individu en question était déjà sous surveillance. Nous savions tout de lui, de ses séjours en Afghanistan et ailleurs, de ses tendances salafistes.
Eh oui ! C'est bien là le problème. Certes, il est difficile d'interpeller quelqu'un avant qu'il y ait eu un commencement d'exécution. Mais, inversement, si l'on prévient très efficacement le crime, il est difficile d'en tirer gloire. Il est préférable de le réprimer une fois accompli. Il y a deux jours, je glosais sur le hasard. Il faut bien reconnaître que celui-ci fait parfois bien les choses.