Extrait :
« Depuis la disparition de Caussat et de ses copains, mon petit frère et moi broyions du noir. Au lycée, entre les réflexions antisémites du prof d’histoire-géo et les sarcasmes des élèves de philo avec lesquels on se battait, la vie n’était pas très marrante. Je passais mes soirées devant le poste de radio, à guetter les nouvelles de Londres. A la rentrée, nous avions trouvé sur nos pupitres des petits feuillets titrés « Combat ». J’avais vu le garçon qui sortait en douce de la classe ; c’était un réfugié alsacien nommé Bergholtz. J’ai couru à toutes jambes pour le rejoindre dans la cour, pour lui dire que je voulais faire comme lui, distribuer des tracts pour la Résistance. Il a rigolé quand j’ai dit ça, mais je suis quand même devenu son second. Et les jours suivants, en sortant de cours, je l’attendais sur le trottoir. Dès qu’il arrivait au coin de la rue, je me mettais en marche, et lui accélérait le pas pour me rejoindre. Ensemble, nous glissions des journaux gaullistes dans les boîtes aux lettres, parfois nous les jetions des plates-formes de tramway avant de sauter en marche et de décamper.
Un soir, Bergholtz n’apparut pas à la sortie du lycée, et le lendemain non plus…«
Mon avis :
J’ai lu tous les romans de Marc Levy ou presque (il me manque le dernier). Et je n’ai encore fait aucune chronique de ces livres sur mon blog ? Oui et bien, disons que pour certains je les ai lus il y a de ça quelques années maintenant et même si je m’en rappelle plutôt bien, il faudrait que je m’y replonge un petit peu pour vous faire une chronique relativement objective.
J’ai d’ailleurs eu une période où je ne voulais lire que du Marc Levy. Ce que je déconseille fortement à tout le monde de faire. Je ne sais pas si j’en ai fait une overdose, mais je crois que j’aurais dû les lire avec parcimonie. Le sentiment que ces histoires s’essoufflaient parfois quelque peu.
J’ai toujours apprécié de le lire, mais il est parfois bon de faire une pause pour ne pas être déçu par l’histoire suivante.
En revanche, il y a un livre, qui pour moi sort complètement de toutes ces histoires qu’il a pu écrire et qui est un véritable coup de cœur.
Il s’agit de « Les Enfants de la liberté ».
J’avais déjà lu quelques livres sur la Deuxième Guerre mondiale, mais jamais du point de vue des résistants. C’est un livre très touchant.
Marc Levy commence son livre avec une citation d’Emma DANCOURT :
« J’aime bien ce verbe « résister ». Résister à ce qui nous emprisonne, aux préjugés, aux jugements hâtifs, à l’envie de juger, à tout ce qui est mauvais en nous et ne demande qu’à s’exprimer, à l’envie d’abandonner, au besoin de se faire plaindre, au besoin de parler de soi au détriment de ‘autre, aux modes, aux ambitions malsaines, au désarroi ambiant. Résister, et… sourire. » Citation qui pour moi résume son livre en quelques mots …
La relation qu’entretient Jeannot avec son frère et si forte. Il arrive à décrire une relation fusionnelle entre les deux protagonistes qui m’a bouleversé. Le fait d’avoir 3 sœurs, m’a permis davantage à comprendre la relation qui les unissait tous les deux. J’ai beau me chamailler souvent avec chacune d’elles, on a un lien unique qui nous unit. Et quand les choses se passent mal dans notre vie, ce lien est encore plus fort. C’est assez indescriptible ou presque puisque Marc Levy arrive parfaitement à nous peindre cette relation entre les 2 jeunes frères.
Et son histoire est peut-être encore plus touchante quand on sait qu’il parle de sa famille. Jeannot était le pseudo de son propre père, Raymond Lévy, et Claude celui de son oncle
« Dis-leur Jeannot, dis leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j’ai mis dans la bouche et sur les mains. »
C’est plus qu’une histoire que nous livre ici Marc Levy, c’est un témoignage touchant et bouleversant.
L’écriture simple et à la fois très juste ont heurté ma sensibilité. On prend véritablement conscience de l’horreur qu’ils ont vécue. Ne pas vivre, mais survivre.
Et puis c’est vrai, que c’est la première fois que je lis un bouquin avec pour sujet la Deuxième Guerre mondiale d’un point de vue de la résistance, donc en plus de découvrir un côté de l’histoire, j’ai été fasciné par leur courage et leur force de vaincre. J’ai parfois du m’arrêter de lire car j’avais les yeux trop humides pour lire la suite. Mais véritablement ce livre est pour moi un gros coup de cœur.
Je vous le conseil fortement !
L’avis de la presse :
RTL
Au final, même si l’écriture de Marc Lévy est toujours aussi plate, c’est un bel hommage à ces étrangers qui avaient trouvé refuge en France et qui se sont battus pour elle. Propos pas anodin en cette période d’élections, même si Marc Lévy se défend de tout militantisme.
Le Monde
‘Les Enfants de la liberté’, est un roman souvent émouvant, parfois drôle, écrit avec une simplicité qui n’est pas de la naïveté, car ces enfants trop vite jetés dans une réalité d’adulte effrayante avaient perdu leur naïveté. C’est un récit au premier degré, témoignant, sans réinventer à ces jeunes héros une psychologie, de leur courage, de leur inconscience parfois, et de cet instinct de vie qui les fait tenir.
Le Journal du Dimanche
On ne reconnaît pas là le romancier glamour et léger de ‘Et si c’était vrai…’ ou de ‘Mes amis, mes amours’. Il est probable que son jeune public féminin sera désorienté, pour le moins surpris, par cette plongée soudaine dans l’horreur. Louable audace que d’emmener ses lecteurs là où ils ne l’attendaient pas.