Il y a deux ans, je communiquais sur cet espace à propos de l’adaptation au théâtre par Modeste Nzapassara du roman Black bazar de l’auteur congolais Alain Mabanckou qu’on ne présente plus. Magnifique mise en scène des états d’âme du fessologue, dandy des faubourgs populeux de Paris, livrant ses états d’âme et son regard sur l’environnement qui est le sien, que ce soit avec son voisinage, ses compères de cuite du GIP’s près des Halles ou des misères que Couleur d’origine, sa bien-aimée, lui fait vivre…
Depuis la parution de ce roman (dont je n’ai pas eu le plaisir de faire la lecture), un mouvement intéressant se développe sur la question de ce dandysme venu d’Afrique centrale. Le musée Dapper a organisé sur ce thème une exposition de photographies très instructive pour les connaisseurs, exploration en terre inconnue pour les incultes. Un projet de film est en cours.
Il est important de souligner que le projet le plus innovant est celui d’un album de rumba congolaise réalisé avec le concours de deux artistes congolais de qualité, j’ai nommé Sam Shintu et Modogo Abarambwa avec des guest-stars comme le slammeur peul Souleymane Diamanka. J’ai suivi avec une curiosité à peine contenue l’évolution de ce projet par réseaux sociaux interposés et j’ai pris possession de cet album dès sa parution. 10 titres, dont sept en lingala.
Il faut tout d’abord souligner qu'il s'agit d’un magnifique retour à l’envoyeur que propose Alain Mabanckou. Pour qui suit ce romancier, l’influence de la rumba congolaise dans son oeuvre est ressentie. Rapha Boundzéki, Lutumba Simaro, cette musique congolaise qui a longtemps véhiculé l'oralité, semble avoir inspirée l’homme de lettres. On peut penser que dans la démarche de cet album, Alain Mabanckou propose aux habitants des deux rives du fleuve Congo d’avoir accès à l’histoire du fessologue et de cette immigration africaine sur laquelle nombreux fantasment sur le continent à tort ou à raison.
Néanmoins, ce serait une faute grave de commentateur de réduire la portée de cet album au seul amateur de rumba. Cuba est présente par le biais de Niuver pour un morceau de salsa qui fera plaisir aux.experts . Et les interventions de Souleymane Diamanka ou du camerounais Douleur Douala en langue française offrent un champ d’impact plus large à cet album. Et puis, entre nous, la rumba s'est d'abord une question de rythme...
Ecoutez, vous pouvez vous faire une idée sur la qualité de cette initiative originale en allant sur le site de l’album Black bazar et découvrir la voix de ces deux crooners congolais que sont Sam et Modogo.
Bonne découverte sur la page Facebook dédiée!
Voir également l'article de Slate Afrique
Allez, pour le fun, Souleymane Diamanka très classe, bien sapé:
A notez : Black Bazar (Sam et Modogo) sont en concert jeudi 22 mars 2012 au New Morning de Paris, à 20h30.
Carte Blanche au Musée Dapper pour Alain Mabanckou du 7 au 9 Avril 2012.