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Par RFI Au Mexique, journée décisive pour Florence Cassez. La Cour suprême devrait se prononcer ce mercredi 21 mars sur le dernier recours déposé au Mexique par cette jeune femme condamnée à 60 ans de prison pour l’enlèvement de trois personnes. Des crimes qu’elle nie avoir commis.
Avec notre correspondant à Mexico, Patrice GouyOn ne sait pas ce que vont décider les cinq juges de la Cour suprême. On sait juste que deux d’entre eux vont voter pour la libération de Florence Cassez. Mais il est difficile de savoir ce que vont dire les trois autres. Les pressions du gouvernement sont extrêmement fortes et représentent même une intromission illégale et scandaleuse du pouvoir exécutif sur le judiciaire. Ce vote que va émettre la Cour suprême dépasse le cas de Florence Cassez.
Si les juges suivent Arturo Zaldivar qui demande sa libération parce qu’elle n’a pas eu un procès équitable, cela entraînera un changement de jurisprudence. Arturo Zaldivar s’oppose à ceux qui défendent le principe de la libre conviction des juges, ce qui leur permet d’interpréter la loi au lieu de l’appliquer à la lettre. L’argument est de dire que sans une réforme de fond de la justice, le Mexique risque de se transformer en régime policier.
Les scénarios d’une possible libération
Il y a la mise en liberté absolue et immédiate de Florence Cassez, sa condamnation définitive à 60 ans de prison, le renvoi du cas devant l’Assemblée plénière de la Cour suprême et enfin le renvoi devant un autre tribunal. Si la liberté lui est accordée, la Cour transmettra sa décision aux autorités pénitentiaires.
Florence, accompagnée par le consul de France, sera alors remise au centre de détention migratoire chargé de lui fournir un visa lui permettant de prendre un avion pour quitter le Mexique. Si la liberté lui est refusée, elle aura épuisé son dernier recours et sa condamnation sera définitive. Son unique possibilité sera alors de faire appel à la Cour Interaméricaine des droits de l’homme. Une procédure onéreuse qui peut durer de 4 à 6 ans.
Une opinion publique hostile à Florence Cassez
L’opinion publique est très manipulée par les deux groupes de télévision qui ont participé à sa fausse arrestation. Elles sont complices de la police et donc ne bougent pas le petit doigt pour démontrer que Florence Cassez est innocente. Isabel Wallace, la présidente de l’ONG «Halte aux Séquestres » qui est aussi la candidate au poste de gouverneur de la capitale et qui défend les couleurs du Parti action nationale (PAN) et donc du gouvernement de Felipe Calderón, joue sur le sécuritaire, et oppose le droit des victimes aux droits de Florence.
En fait, Isabel Wallace cherche surtout à banaliser les inconsistances de l’enquête de la police et à protéger son ami le ministre de la Sécurité publique, Genaro Garcia Luna, responsable de la fausse arrestation de Florence Cassez. Le bon point est l’attitude des députés de l’opposition qui soutiennent le juge Zaldivar.
La Cour suprême va devoir faire face à un débat de fond sur la justice. Elle sait que des réformes sont nécessaires, mais elle reste souvent timorée face aux pratiques intolérables qui se sont enkystées dans l’impartition de la justice au Mexique. Réponse donc dans quelques heures.