Le jeu, les choix de mise en scène, l’état d’esprit dans lequel est le spectateur, l’environnement, tout contribue à faire percevoir un texte de théâtre de diverses façons. Ainsi des Fourberies de Scapin, spectacle proposé par la Compagnie Neo Vent.
Des masques donnent à quelques personnages des aspects animaux, oiseaux les pères, mammifères les serviteurs. Les jeunes gens, fils et filles, n’ont pas encore de visage social et on les voit tels qu’ils sont, pleins de désir mais au fond incapables, par eux-mêmes, de les réaliser. Ils ont besoin de Scapin et de ses manigances.
On sait qu’il y a dans cette pièce une scène de bastonnade célèbre et on l’attend, comme on sait la lamentation d’un père, croyant son fils perdu : « Que diable allait-il faire dans cette galère ? »
Mais, cette fois, ce qui m’apparaît, c’est l’argument de Scapin : ce sont des étrangers, des Egyptiens (diseurs de bonne aventure et faiseurs de mauvaises actions), des Turcs, qui sont la cause des soucis. Ils veulent, prétend Scapin, de l’argent. Je n’y avais pas fait à ce point attention : Molière montre ici que l’argument qui porte, c’est de dire que l’étranger nous veut du tort. C’est l’argument facile, qu’on oppose au prétendu lien familial. Et le retournement final, la découverte des véritables filiations, n’est pas qu’un artifice de la farce. L’autre, au fond, nous dit Molière, est-il si différent ?
J'ai vu ce spectacle à l'Agoreine de Bourg-la-Reine (92)