Carlo Ancelotti a reçu Le Figaro dans son bureau du Camp des Loges. Avant le quart de finale de Coupe de France contre l'OL, l'italien tire un premier bilan de son expérience à Paris. Quel souvenir gardez-vous de ce match fou de L1 (4-4, le 25 février) entre Lyon et le PSG ?
Carlo Ancelotti : C'était un match incroyable, car ce n'est pas facile de revenir de 2-4 à 4-4. Je pense que le prochain sera différent et qu'il ne finira pas à 4-4. Cela devrait être plus maîtrisé. Dans ma carrière, j'ai pris seulement une fois trois buts en six minutes! C'était en 2005, en finale de la Ligue des champions avec l'AC Milan contre Liverpool(mené 3-0 à la mi-temps, le club anglais était revenu à 3-3 avant de s'imposer aux tirs au but). Ce n'est pas vraiment un bon souvenir (sourire)…
Le PSG renverse les situations en fin de match ces dernières semaines. C'est un signe fort dans la quête du titre ?
C'est important pour la personnalité de cette équipe. À Dijon, par exemple (succès 2-1), on a montré beaucoup de caractère en gagnant en infériorité numérique. C'est un signe que, dans cette formation, règne une bonne ambiance. J'ai repris le système en 4-4-2 que les joueurs connaissent bien. C'était plus naturel. Mais je pense que l'on rejouera avec une disposition en «arbre de Noël». Je suis content de travailler ici. On était en tête quand je suis arrivé. On l'est encore aujourd'hui. On a essayé de changer un peu le jeu de l'équipe. J'ai une forte responsabilité pour gagner le titre. Ce ne sera pas facile, car Montpellier est une équipe bien organisée avec un jeu naturel. Ils jouent ensemble depuis longtemps. C'est pour cela qu'ils sont très compétitifs.
La L1 est un championnat compétitif et tactique, comme en Italie. Le jeu est plus fermé qu'en AngleterreComment expliquez-vous tous ces buts encaissés sur coups de pied arrêtés ?
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C'est franchement difficile. On doit s'améliorer, c'est une évidence. C'est un aspect du jeu très important. On doit être plus constants. Nous faisons pourtant chaque semaine un travail spécifique sur les coups de pied arrêtés.
Javier Pastore sera-t-il un jour un nouveau Messi
Comme Messi, c'est difficile (sourire). Mais Pastore a la capacité pour devenir un joueur fantastique du PSG. Il a besoin d'espaces pour exprimer ses qualités. Il peut jouer dans toutes les positions en milieu de terrain. Ce n'est pas un problème pour lui. Il a été blessé pendant un mois, il n'est pas encore au top physiquement, mais il va retrouver son meilleur niveau très vite.
Comment jugez-vous la Ligue 1 ?
Les équipes sont fortes défensivement et bien organisées. C'est difficile de marquer. La L1 est un championnat compétitif et tactique, comme en Italie. Le jeu est plus fermé qu'en Angleterre. Là-bas, le rythme est plus élevé et on voit souvent des équipes l'emporter 7-1. C'est impossible chez vous. En Angleterre aussi, l'ambiance est fantastique. Il n'y a pas de violence. En Italie, elle est toujours présente, et les enceintes sont vieilles. Je trouve en revanche les stades français plutôt beaux et souvent pleins. À l'image du Parc des Princes. L'ambiance y est très bonne. C'est aujourd'hui la maison du PSG. Je pense qu'il le restera après l'Euro 2016.
À l'avenir, le PSG va-t-il seulement recruter des joueurs étrangers ?
Pour le futur, l'épine dorsale doit être française. C'est important. Mais nous voulons acheter de très bons joueurs, qu'ils soient italiens, brésiliens ou français… On veut améliorer l'équipe avec un mélange entre des jeunes qui apportent l'enthousiasme et des éléments expérimentés. Aujourd'hui, on ne pense pas à un secteur en particulier, même si nous recherchons un grand attaquant. Son profil: plutôt un jeune de talent.
Dans un PSG encore renforcé, vous imaginez encore Sakho capitaine ?
Sakho est capitaine aujourd'hui et il le sera dans le futur.
La psychologie est capitale, plus que le travail tactiqueParis est-il d'ores et déjà un grand club, ou c'est trop tôt pour le dire ?
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Oui, c'est un club ambitieux, jeune, qui cherche à s'améliorer. Avec le mercato d'hiver, on a déjà rattrapé notre retard. On a les moyens d'être compétitifs dès l'année prochaine en Ligue des champions. Mais toutes les équipes en Europe rêvent de la gagner. Ce ne sera pas facile.
Combien de temps pensez-vous rester à Paris ?
Mon contrat se termine en 2014, et j'espère le prolonger, mais cela dépendra naturellement des résultats de l'équipe. En tout cas, après trois mois, je suis content d'être ici. Il y a beaucoup d'enthousiasme.
Tout le monde s'accorde à dire que vous aimez vos joueurs…
J'aime mes enfants avant tout (rires). Je respecte mes joueurs. J'aime entretenir de bonnes relations avec eux. J'aime leur parler et leur expliquer ma conception du football. La psychologie est capitale, plus que le travail tactique. Il faut avoir la capacité de garder ses troupes le plus motivées possible. Et ce n'est pas facile de dire à un joueur qu'il ne va pas jouer.
Vous disposez d'un staff important. Pourquoi ?
Pour ce que l'on veut faire ici et gérer de la meilleure façon un groupe de 25 joueurs, c'était essentiel d'avoir un staff étoffé avec des entraîneurs différents. Car le travail individuel est essentiel.
Vous êtes l'entraîneur le mieux payé de l'histoire du football français.
(Il coupe.) Un record (rire) !
Êtes-vous étonné par les débats en France autour de l'argent du football ?
Je pense que c'est normal que les politiques parlent de mon salaire. Mais je ne gagne pas un euro de plus qu'à Milan ou Chelsea (6 M€ net d'impôt par an). Le salaire de l'entraîneur, c'est la loi du marché.
Le PSG n'a pas réussi à recruter sa grande star. Finalement, la superstar de l'équipe, c'est vous…
Non, je ne suis pas la superstar ! Je suis seulement l'entraîneur. J'aime mon métier. J'aime le football. Je ne suis pas blasé…
source : Sport24.com