Ismaël n'aime pas son prénom, en référence à Moby Dick que ses parents adoraient, sauf que ce choix relève surtout d'une plaisanterie parce que la grossesse avait dépassé son terme et sa mère se lamentait de ressembler à une baleine ! Depuis, le garçon traîne cette anecdote comme un boulet. Au collège de St. Daniel, il est devenu le souffre-douleur de Barry Bagsley, jusqu'à l'arrivée de James Scobie, un garçon chétif, au look ringard, et affublé de tics nerveux. Aussitôt, Ismaël pense qu'il voit là sa chance de survie, Barry va lui sauter à la gorge, Ismaël pourra terminer son année tranquille...
Mais le plus surprenant arrive, car James va saisir à pleines mains les remarques désobligeantes de la brute pour les lui retourner en pleine face. James est un as de la voltige verbale, il n'a peur de rien, il l'explique et le démontre. Et c'est ainsi qu'il va entraîner tout un petit groupe de geeks dans un concours d'éloquence, sous la bonne escorte de miss Tarango, leur prof d'anglais.
Voilà une lecture fort agréable et très drôle, qui démontre avec intelligence quelles sont les armes possibles pour exister, briller et résister à l'école, autrement que par l'utilisation de la force physique et le harcèlement. Les personnages sont extrêmement attachants, tous singuliers et brillants, vraiment irrésistibles, et surtout ils sont le parfait exemple que la popularité s'attache à des détails qu'on se doit de développer et non de renier.
J'ai trouvé ce roman fin, alerte, enchanteur et extraordinaire.
Appelez-moi Ismaël, par Michael Gerard Bauer
Casterman, 2011 - traduction par Antoine Pinchot
- à découvrir le livre diorama illustré par Joëlle Jolivet, aux éditions Gallimard jeunesse