Revue de presse, le N° 35 The World of Fine Wine

Par Mauss
On se répète, mais que voulez vous : la revue de Neil Beckett, THE WORLD OF FINE WINE est simplement, à chaque numéro, un petit chef d'oeuvre d'équilibre entre notes de dégustation, éditoriaux, présentation de domaines, analyse de grands crus. L'iconographie est de tout haut niveau et, effectivement pour € 30, vous avez plus de 200 pages qui valent largement bien des livres qui ne sont que copies de copies.

Il vous arrive souvent - je ne dois pas être le seul dans ce cas - de commencer un journal par la dernière page. C'est le cas pour TWFW et poum, là on tombe sur l'édito de Michel Bettane (page 216 : "The absurdity and flattery of scores") qui mâche de moins en moins ses mots, a une causticité professorale de haut niveau, et explique avec une grande logique quelques principes qu'il faut graver dans nos approches du vin.

Cette fois ci, il s'attaque aux fameuses notes sur 100 (on sait qu'ici c'est un combat depuis plus d'un an), une réduction du travail de critique de moins en moins acceptable. Oh, ce n'est pas chez lui un effet de mode ! Dès le début du GJE en 1996, même en acceptant les règles qu'on avait mises en place, Michel Bettane me disait son aversion pour ce système si réducteur, tant il est vrai, comme il l'écrit, qu'on ne donne pas une note à un Picasso ou à un Renoir.

Il ne m'en voudra pas de citer le dernier paragraphe :

"All of which goes to show that a whole bunch of arithmetic scores is not the way to educate consumers about wine. What we critics have to do is teach people to compare their tasting sensibilities with our own. This starts by helping consumers to discover what they like or what they are seeking based on the reviews that we provide. It does not mean spoon-feeding them with ready-made critical evaluations on the misguided assumption that they are too lazy to digest the information themselves. A difficult duty, for sure - but it's our duty nonetheless !"

Et ce qui me plaît en sus, c'est le système de notation explicité par un graphique (page 150) ressemblant beaucoup au nôtre où les notes de 0 à 20 se casent dans 7 catégories (nous en avons 8) chacune ayant un sens précis écrit par des mots simples. Exemple : la note de 12,5 à 14 est explicitée par : "Good wine, but with no outstanding features" (©Andrew Jefford).

Ce numéro 35 a quelques belles pages sur des domaines que nous connaissons bien et aimons tout autant : Thierry Gardinier et Phélan-Ségur (sans oublier Taillevent que sa famille a racheté), le Vicomte Liger-Belair, Jean-Nicolas Méo, Micgel Lafarge, etc.

On lira une subtile analyse des bourgognes 2010 qui est très proche, sinon identique, à ce que nous a expliqué Sylvain Pitiot à notre dernière visite : la finesse exquise de ce millésime qui suit la belle opulence du 2009.

La percée du vin jaune est splendidement illustrée. Andreas Larsson nous dit pourquoi il préfère tel verre à pinot à tel autre.

On frôle même la théologie avec un bel article sur "Food and Faith in Christian Culture". Depuis les noces de Cana jusqu'à ce jour, les imbrications de vin et religion méritent effectivement un ouvrage de référence.

Et, gourmandise finale : Tim James essaie de nous écrire à quel point certains vins peuvent être catalogués comme "avant-garde" alors que d'autres sont définis comme "kitsch". Que du bonheur ! Illustration étonnante par un très beau tableau de Tretchiko.

Bref : il n'est que temps de vous abonner à cette revue majeure. Il y a un site sur internet. LA.

Neil : pourquoi la page dévolue à l'abonnement est uniquement mise en $ et pas en € ? Tss !!!

Bon : vous avez compris ! Si vous trouvez cette revue chez votre barbier ou dentiste, volez là :-)