Et Sarkozy dut se taire. Ou presque.

Publié le 20 mars 2012 par Juan
Lundi, la campagne s'est arrêtée l'espace de quelques heures.
Un meurtre, horrible, avait frappé la France, choqué son peuple et faire taire le candidat sortant. Mais pas le président.
Aura-t-il la limite que la décence impose ?
L'horreur, 3 fois.
La semaine dernière, nous étions sidérés, comme ces familles de soldats. Pas un mot ou presque, le choc. Un premier militaire, abattu en pleine rue à Toulouse, le 11 mars. Il s'appelait Imad Ibn Ziaten. Sur le coup, le Figaro expliquait qu'il « n'avait aucun antécédent judiciaire ». Puis, 4 jours plus tard,  deux autres militaires, parachutistes, Abel Chennouf et Mohamed Legouad, étaient abattus devant un distributeur de billet à Montauban. Un troisième était grièvement blessé. Le Figaro évoqua la « piste du loup solitaire ».
Lundi matin, vers 8 heures, trois enfants et un enseignant, père de deux d'entre eux, étaient flingués dans une école juive à Toulouse: Gabriel Sandler (4 ans), Arieh Sandler (5 ans), Jonathan Sandler, leur père de 30 ans; Myriam Monsonego (7 ans).
Vraisemblablement, il s'agissait du même tireur que celui qui avait tué les trois militaires français à Toulouse le 11 mars puis à Montauban jeudi dernier. L'arme comme le scooter utilisé par le dément étaient les mêmes .
Ce drame a presque suspendu la campagne, à gauche comme à droite.
Sauf pour Nicolas Sarkozy. Il était « président ».
Nicolas Sarkozy a pu endosser son costume de Monarque pour se rendre sur place, dans l'établissement scolaire de confession juive Ozar Hatorah où avait eu lieu la fusillade. Il y a délivré un court discours de menace et de condoléances. Il était accompagné de Luc Chatel, son ministre de l'Education nationale, et de Richard Prasquier, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
Cela ne suffisait pas. De retour à Paris, depuis l'Elysée, il livra une courte déclaration: « Je suspend ma participation à la campagne électorale au moins jusqu'à mercredi, jour de l'enterrement de nos trois soldats que je présiderai. » Il avait l'émotion sincère, mais l'incapacité de maîtrise. « Jamais notre pays n'a connu une fusillade dans une école. C'est la République toute entière qui est mobilisée pour faire face à ce drame. » L'épaule droite tressautait. Il tenait son pupitre avec ses deux mains comme s'il craignait qu'il ne s'envole. On devait oublier ses dérapages du weekend à Lyon - nous y reviendrons dès mercredi - , sa noyade médiatique sur M6 de dimanche, ou son attaque contre la pauvre ville de Morlaix.
Au même moment, il déclenchait le plan Vigipirate écarlate, une première en France. Cela permet beaucoup de choses, sans contrôle et partout en France. Même Claude Guéant est inquiet: «C'est sûr qu'il est passé déjà trois fois à l'acte et ce sentiment d'impunité qu'il arbore est un élément qui nous inquiète». La DCRI penserait à un islamiste ou à l'ultra-droite.
Campagne suspendue, vraiment ?
François Hollande avait effectivement annulé son émission du soir prévue sur CANAL+, tout comme son meeting à Rennes du lendemain. Ce mardi, la campagne officielle démarrait et les chaînes de télévisions et radios étaient contraintes à l'égalité des temps de parole. Dans l'après-midi, le Conseil constitutionnel avait confirmé les 10 candidatures pour ce fichu scrutin, après examen des parrainages reçus.
Mais Nicolas Sarkozy, lui, sortait de tout décompte. Il suspendit son site de campagne, laFranceforte, mais l'Elysée.fr prenait le relais: une large mention de l'hommage du soir dans une synagogue parisienne, la video de son discours du soir, son communiqué de presse à chaud. C'est encore Sarkozy qui annonce que le tueur des trois assauts est la même personne, quelque part vers 20h35.
Même le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel avait accepté de suspendre le décompte des temps de parole sauf celui du Monarque qui, en « mode président » parlera jusqu'à mercredi sans contrôle ni plafond.
D'autres que lui se seraient contenté d'une manifestation publique, comme François Mitterrand à l'époque d'autres attentats. Lui avait besoin de plus. Un déplacement filmé, une  intervention le soir à 19h15 depuis l'Elysée. Puis à nouveau, nous promit-il pour mercredi, une présence aux funérailles des militaires. Difficile de faire la part des choses, entre l'instrumentalisation et le nécessaire devoir de représentation présidentielle.
Ces militants qui dérapent
Quelques militants sarkozystes n'apprécièrent pas que d'autres candidats que le leur puissent s'émouvoir publiquement à leur tour.
 « Et pendant ce temps là, @fhollande dit que sa campagne est suspendue mais se rend à Toulouse avec son dir comm et ses soutiens. #ecoeurement » écrivit l'une des égéries UMPistes sur Twitter. Elle se reconnaîtra. D'autres furent pire et sans limite. Exemples:
@antpaoli: Le tueur retrouvé, que feront et prétexteront encore les socialistes ? #fh2012 #ns2012
@neo_matrx: comment appelez vous ce crime M. Hollande? RACISTE? Ah non, le mot n'existera plus. Vous êtes ridicule


@AymericCH: un vrai vautour ce bon à rien de FH,idem pour cette caravane de politiciens de gauche présent à la syna.


 @MlleKate: @portuguesh4113: Un petit referendum sur la peine de mort ? #NS2012 #Toulouse #finilatolérance
@Touareg_1: Si vous saviez comme j'ai HONTE du comportement de l'autre CON de FLAMBY-descendre aussi bas #NS2012
Pourtant, lundi soir, la quasi-totalité de la classe politique et des candidats du moment étaient à la synagogue Nazareth à Paris, pour un hommage aux victimes du jour. C'était émouvant. A Toulouse, des milliers de personnes, juives ou non, s'étaient rassemblées.