“Certains étaient comme assommés sous le choc d’une double révélation en vertu de laquelle une domestique, étrangère de surcroît, et arabe pour couronner le tout, pouvait donc accéder à un niveau d’excellence généralement réservé à d’autres élites. Ca ne passait pas. Ce n’était pas normal. Il devait y avoir quelque chose d’autre.”
Il arrive fréquemment que la thématique du dîner soit le sujet d’un film, d’une émission de télé, d’une pièce de théâtre ou d’un roman. C’est le cas du livre Les Invités de Pierre Assouline.
Sophie Du Vivier organise souvent des réceptions chez elle pour des invités triés sur le volet. Mais n’imaginez pas un simple repas ponctué de discussions endiablées ! “Madamedu”, comme elle est surnommée par sa domestique Sonia, suit à la lettre les instructions données par le chef du Protocole de l’Elysée, rien que cela ! Vous saurez ainsi pour vos prochains dîners qu’il y a un espace vital de 70 cm à respecter pour chaque convive…
Tout semble se dérouler plus ou moins comme prévu jusqu’à ce qu’un invité réalise qu’il s’est trompé d’étage et quitte brusquement l’appartement des Du Vivier. Ce léger couac dans l’organisation devient vite un problème de taille puisqu’il n’y a plus que 13 personnes autour de la table ! Les conventions vont donc être bousculées et “Madamedu” va devoir dénicher dans l’urgence un quatorzième convive ! L’invité d’honneur, un certain Banon, demande que Sonia, la domestique, prenne place à leurs côtés et partage leur repas…Ce renversement des rôles est tour à tour drôle, léger mais aussi terrible pour la jeune femme, sans cesse rabaissée et humiliée par ceux-là mêmes qu’elle a sauvés d’une deuxième cène.
Le roman est donc construit sur le mélange des tons : l’humour côtoie des réflexions beaucoup plus sombres sur la place réservée aux étrangers notamment.
Au fil des pages, j’ai appris ce qu’étaient le “small talk” (fait de parler de tout et de rien) et le “name dropping” (essayer de placer le maximum de noms de personnalités afin de montrer que l’on fréquente des gens hauts placés ! ). Bienvenue dans le règne des apparences et des mondanités !
Un roman satirique bien agréable !