Interrogé dimanche 18 mars dans l’émission de M6, Capital, sur son rôle face à la crise, Nicolas Sarkozy s’est livré à un vibrant auto-panégyrique, déclarant « j’ai tout donné », avant de conclure « Imaginez qu’à ma place il y ait eu une autre candidate ! » Et voilà, lui aussi n’a d’autre argument que de se réfugier dans un imaginaire taillé selon ses vœux. Sa phrase est tout d’abord particulièrement inepte. La seule personne que l’on aurait pu trouver à sa place, c’était un président, ou une présidente, et en aucun cas un candidat ou une candidate.
Ensuite, sur le fond, nul ne peut dire ce qui se serait passé s’il n’avait pas été élu parce que précisément cela ne s’est pas passé. Lui, qui apparemment sait lire dans le marc de café, peut-il nous expliquer ce qui se serait passé si sa seconde épouse lui était revenue ? Non, bien sûr. Il en va exactement de même sur le plan politique.
Son hypothèse est totalement aberrante. Si personne ne peut dire ce qui se serait passé sans lui, même en laissant vagabonder son imagination et échafaudant les pensées les plus fantaisistes, par contre tout un chacun peut mesurer le résultat de son action. A-t-il réduit la dette de la France, vaincu la finance cupide, détruit les paradis fiscaux, obtenu de la chancelière Merkel que la BCE puisse émettre des euro-bonds, écarté pour de bon la crise ?
Non, rien de tout cela ! Il nous dit que « [il a] tout donné ». Peut-être mais, pour un homme qui veut gérer la France comme une entreprise, il devrait savoir que, dans le monde des affaires, ce n’est pas le travail que l’on récompense, mais le succès. Et il vient de s’attirer de la part de sa concurrente malheureuse, Ségolène Royal, une belle réplique : « puisqu’il a tout donné, qu’il se repose ! »