Comme suite au Prix première chance à l'écriture dont le thème 2012 était « le 4e pouvoir » et dans le cadre de la 23e Semaine de la presse et des médias dans l’école®, du 19 au 24 mars 2012, Expression Littéraires Universelles organisait ce lundi 19 mars une rencontre entre des lycéens et des journalistes. Tous avaient été invités, mais seuls Bruno Alberro, du Dauphiné, et Alain Enjolras, de Mix la radio étudiante, avaient pu se libérer pour l'occasion.
Ce ne sont pas moins de cinq classes qui ont assisté à cette rencontre, soit environ 150 élèves qui ont pu écouter, poser des questions et réfléchir sur le métier de journaliste.
Corinne Niederhoffer, présidente d'ELU, a mené les débats, questionné les journalistes et incité les élèves à participer.
Suite à quelques suggestions des lycéens, il a été bon de préciser la définition du journaliste. Au XIXe siècle, il était un publiciste, celui qui rendait publique l'information. Aujourd'hui, ce terme de publiciste a été affecté à d'autres sphères, mais il n'en reste pas moins que le travail de journaliste, qui demande objectivité, observation, réactivité et le don d'écrire, consiste a relater des faits tout en laissant à son rédacteur la libre interprétation tant qu'elle ne porte pas atteinte à la personne. Le code de déontologie enseigné dans les différentes écoles de journalisme est là pour le rappeler.
Un journaliste est reconnu par ses pairs et possède une carte professionnelle.
De nombreuses questions ont tourné autour de l'indépendance de la presse, de la hiérarchie de l'information, de la manière de traiter ou non tel ou tel sujet.
Bruno Alberro et Alain Enjolras ont éclairci les esprits sur le métier, son quotidien, son évolution.
Les salles de rédaction reçoivent un nombre de plus en plus important de dépêches (environ 800 par jour), tout le monde veut qu'on parle de lui, de son action, son association, son parti, son spectacle… Le lectorat (l'auditoire) veut tout savoir, chaque personne selon ses affinités, le sport, la culture, les informations locales ou internationales.
La hiérarchie de l'information est souvent validée par le lectorat. Les journaux en ligne peuvent aujourd'hui mesurer quels intérêts préoccupent les lecteurs, montrant que la notion d'importance est aléatoire et ne correspond pas toujours à la réalité du fonctionnement de notre société. Bruno donnait l'exemple que sur le site du Dauphiné, un article sur le budget annuel du Conseil Général — trois milliards répartis dans tous les domaines de la gestion de la vie quotidienne des Vauclusiens — avait reçu 150 visites quand, au même moment, un article sur un accident de scooter à Châteauneuf-du-pape qui n'avait fait aucun blessé avait reçu 2000 visites. Ce n'est pas le journaliste qui crée la hiérarchie de l'information, mais bien le lecteur.
Le métier de journaliste est bien entendu différent selon le support pour lequel il travaille : la presse quotidienne régionale, hebdomadaire, mensuelle, radiophonique ou télévisée. Si un journaliste local traite dans la même journée de 4 à 5 sujets totalement différents, le journaliste du mensuel aura une à deux semaines pour écrire son papier et restera souvent dans un type d'information limité.
Quel que soit le support, à la base, c'est un métier d'écriture, même si celle-ci se décline selon les supports. L'écriture radiophonique sera construite de phrases simples et courtes, car l'auditeur n'a pas de support visuel. Les 10 premières lignes des articles de la presse quotidienne devront toujours contenir les faits les plus importants, suivies des détails et explications en cercles concentriques s'éloignant peu à peu. Cela permettra au rédacteur en chef de découper l'article selon la place qu'il pourra lui donner, en rapport au nombre d'informations à traiter dans la même page ou rubrique.
S'en sont suivies des questions sur les filières à suivre, quelles qualités étaient requises. Outre l'aspect technique, les deux intervenants ont été d'accord sur la nécessité d'une passion sans faille pour son métier qui offrait des opportunités d'évolution au fil de la persévérance, de l'ambition et des rencontres.
Deux heures sont passées très rapidement, emportées avec les nombreux sujets abordés. Corinne a remercié les journalistes et les élèves dans un bruit de chaises caractéristique… la cloche venait de sonner, nous rappelant l'âpreté de la sanction en milieu scolaire : l'heure, c'est l'heure !