Pour une ville qui marche
Aménagement urbain et santé
Marie Demers
Ed Ecosociété, 2008
Tournant le dos à la marche, notre aménagement urbain nous incite à
privilégier la position assise pour nos déplacements, nos loisirs et
notre travail. Or, poussé à l’extrême, ce mode de vie sédentaire a des
répercussions désastreuses.
Pour une ville qui marche met en lumière différents choix
d’environnements urbains aux États-Unis, au Canada et en Europe, et
montre à quel point le modèle nord-américain de l’étalement urbain est
lourd de conséquences, que ce soit en matière de santé publique ou de
vie en société.
Les maladies causées par l’inactivité physique sont nombreuses :
obésité galopante, maladies cardio-vasculaires, diabète, maladies
respiratoires… L’humain ne fournit plus d’effort physique pour assurer
sa survie, de sorte qu’économiser de l’énergie semble être devenu une norme culturelle. Étonnant paradoxe : l’humain va devoir réapprendre
à dépenser plus d’énergie pour survivre.
Entièrement dévoué à la voiture, l’espace urbain est aujourd’hui réduit
à un lieu de passage. En cédant l’espace public, les villes ont ainsi
délaissé leurs lieux de convivialité et avec eux ont perdu le sentiment
d’appartenance à une même communauté. L’espace déterminant la manière
dont la communication s’établit au sein d’une population, l’étalement
urbain et le tout-voiture, ont peu à peu produit de l’isolement et
détruit la fonction sociale et politique de la rue.
Marie Demers démontre les nombreux bienfaits de la marche comme moyen
de locomotion – activité physique qui prévient et guérit les maladies,
convivialité – mais aussi les avantages d’un environnement propice aux
déplacements à pied : autonomie, engagement social, baisse de la
pollution atmosphérique, risques d’accidents de la route réduits...
En se basant sur une abondante documentation, l’auteure examine les
causes et les conséquences néfastes de l’abandon de la marche et
analyse comment l’omniprésence de la voiture et la création d’un
environnement urbain déshumanisé nous tuent à petit feu : destruction
du paysage et des écosystèmes, déclin des communautés rurales et de la
cohésion sociale, développement de problèmes de santé, perte
d’autonomie pour les personnes dépendantes comme les enfants, les
personnes âgées et les moins nantis…
Redonner à la marche un statut valorisant nécessite avant tout un
changement d’attitude qui réinsère l’activité physique au coeur de
notre quotidien. Mais un tel comportement est possible dans une ville
qui revalorise et protège le piéton, ce qui relève d’un choix de
politique publique. Il en va de notre autonomie, de notre vitalité mais
aussi de notre liberté.
Marie Demers est épidémiologiste et travaille sur la
question des habitudes de vie en lien avec l’obésité. Elle oeuvre en
recherche dans le domaine de la santé depuis plus de 20 ans et
s’intéresse particulièrement à l’influence de l’environnement urbain
sur notre mode de vie.