Les nouvelles élections du comité d'arbitrage (CAr) arrivent dès ce 21 mars et, comme il y a six mois, l'heure est donc venue pour moi de dresser le bilan d'activités de cette institution toujours abondamment critiquée, et que d'aucuns présentent — peut-être à raison, comme nous allons le voir — comme étant moribonde. Une chose est déjà certaine : il n'y aura que 7 candidats aux 10 postes à pourvoir et, honnêtement, seuls 5 candidats (les 4 sortants et Hégésippe Cormier) semblent en mesure de pouvoir éventuellement être élus, ce qui est le strict minimum pour que le CAr puisse fonctionner (en-deça ; et l'hypothèse est loin d'être d'école, vu le petit nombre de candidats et la permanence, voire l'accroissement, d'une opposition résolue au CAr ; le CAr fera défaut pour au moins six moins. L'occasion, si cela devait arriver, d'expérimenter in vivo une Wikipédia sans CAr, ce qui ne serait pas pour me déplaire. Et pourrait même s'avérer très constructif). Vladjoachim, sans aucun doute un contributeur de bonne qualité et de bonne foi, semble trop peu ancien et expérimenté (même pas 1 000 éditions à l'heure où j'écris ces lignes), comme il le reconnaît lui-même, du reste. Quant à Iluvalar, sa candidature fait rire tout le monde (ce qui n'est déjà pas si mal) et n'appelle pas d'autre commentaire. Je note par ailleurs que 3 des 7 sortants n'ont pas souhaité rempiler : Agrafian Hem Rarko — qui avait de toute façon disparu de la circulation sitôt son mandat commencé —, O. Morand et l'intérimaire ILJR.
Passons au bilan donc. Plutôt que de procéder, comme la dernière fois, à une fastidieuse chronologie événementielle, je vais cette fois-ci opérer un bilan synthétique et découpé en trois éléments caractéristiques de ces six derniers mois. Je concluais il y a six mois, et je préviens tout de suite que je n'en renie rien, que le CAr, par ses initiatives déplorables et/ou saugrenues, leurs effets pyromanes au lieu d'être sources d'apaisement et de solutions, et son clanisme désormais quasi-assumé, ne remplissait plus aucun des deux rôles que lui dévolue la communauté via son règlement : régler les conflits de longue durée et sanctionner les abus de leurs outils par les administrateurs. Que, dès lors, son utilité était d'autant plus sujette à caution que son existence-même est désormais factrice de conflits, et qu'il représente donc davantage un problème qu'une solution. Il est vrai que le 14ème CAr, peut, je crois, être considéré comme le plus calamiteux qu'il n'y ait jamais eu, d'où le triplement de la colère contre l'institution de mars à septembre 2011. Depuis, bien que ce 15ème CAr soit encore très coloré 14ème, les moments de tension ont semblé moindres. Mais, sitôt qu'ils ont resurgi, alors le spectre de la suppression pure et simple du CAr les a accompagnés. Sans parler de la crise actuelle des vocations à l'arbitrage, assez révélatrice. En réalité, la moindre virulence et fréquence des critiques ne me semble pas tenir, contrairement à ce que les arbitres sortants prétendent, à un retour plus consensuel à une approbation tacite de ce qui a pu être effectué. Deux raisons expliquent à mon sens cette impression (que les événements de ce mois de mars ont démenti) : les derniers arbitrages ont été moins "politiques", et surtout une certaine lassitude à relever le moindre problème s'est naturellement fait jour. Ainsi, j'ai, ces derniers temps, bien moins parlé du CAr qu'auparavant. Non pas que je n'aie plus de critiques à formuler (vous allez le voir). Mais, simplement, je n'allais pas faire trois billets par mois pour montrer que, décidément, les choses ne s'arrangent pas. En bref, et pour parler crûment, l'incompétence du CAr à faire son office s'est ancrée dans un certain nombre d'esprits. Ce qui est encore plus dévastateur pour les arbitres : la critique ouverte à leur encontre était autant de signaux à leur égard : réagissez, corrigez le tir ! Aujourd'hui, et je suis ainsi dans cet état d'esprit, il y a tout simplement renonciation à espérer quoi que ce soit de leur part, les critiques dégénérant systématiquement en réponses dédaigneuses, voire insultantes, et n'étant jamais prises en compte, même quand il est démontré par A + B qu'une décision du CAr viole tout simplement la vie privée d'une arbitrée (l'exemple terrifiant d'Addacat où les arbitres n'ont jamais publiquement renié le principe de l'intrusion dans une liste de suivi). En résumé, les arbitres ne suscitent, chez une partie non négligeable mais encore minoritaire de la communauté, plus aucun espoir. À leur place, je serais donc infiniment plus vexé par cet état de fait que par des critiques parfois violentes, mais toujours empreintes d'espoir (sinon, elles ne seraient pas faites). Eux semblent au contraire en être ravis. Grand bien leur fasse.
Ce constat d'il y a six mois appelle logiquement à mener aujourd'hui trois évaluations :
- Le CAr a-t-il dernièrement réglé les conflits qui lui étaient soumis ?
- Qu'en est-il de sa capacité à lutter contre les abus des outils d'administrateur ?
- Comment a évolué sa perception par la communauté ? Est-il toujours générateur de critiques, plus ou moins pertinentes, et de tensions ?
Quelques conflits réglés ... mais pas grâce aux arbitres
Premier conflit d'envergure porté à sa connaissance : le cas Iluvalar, avec l'arbitrage initié contre ce dernier par Sardur et Chandres. Observation immédiate : seuls deux arbitres, par divers "jeux" d'absences, de récusations et d'auto-récusations ont traité. C'est peu. Trop peu, à mon avis. Le défendeur n'a du reste pas manqué de souligner que le règlement stipule que "une fois l'arbitrage déclaré recevable, cinq arbitres sont désignés pour le traiter". Ce à quoi il lui a été répondu qu'il y a bien eu 5 arbitres désignés au départ mais, que au final, les circonstances ont fait que deux seulements ont pu travailler sur cet arbitrage. Moui. Littéralement, l'interprétation du règlement est exacte. Dans son esprit, c'est déjà plus discutable ... Il faut bien reconnaître que ce n'est pas une situation optimale ni souhaitable. Deux, c'est quand même vraiment peu. Au passage, puisque 5 arbitres doivent être "désignés", il est donc acquis que le CAr ne pourra pas fonctionner le 1er avril prochain si moins de 5 candidats sont élus, et c'est assez probable. Dans tous les cas, puisqu'il y en aura cinq maximum, l'arbitrage à deux ou trois deviendrait au mieux, le cas échéant, la norme. Bof, bof, bof. Décidément bien moribond ce CAr ... Au final, Iluvalar est, sans surprise, sanctionné. Deux mois de blocage et une interdiction temporaire d'éditer certains articles. Au-delà de ma consternation, certes éminemment subjective, de voir que ce personnage, son taux ridicule dans l'espace principal, sa pyromanie assumée, ses trollages répétés, l'aversion qu'il suscite de manière consensuelle, unissant pratiquement tous les clans contre lui (un exploit unique), ne sont toujours pas bannis de Wikipédia démontre, si besoin était, qu'il est devenu impossible de se débarrasser des éléments plus que perturbateurs, et que le CAr, à cette aune, faillit une fois de plus à sa mission. Mais je reconnais une dose certaine de subjectivité dans cette dernière appréciation. Pour la deuxième mesure, il me semblait pourtant que ce genre d'interdictions ciblées n'engendrait que remous et frustrations supplémentaires, comme le montre le précédent Addacat, sans parler d'une certaine immixtion discutable dans la sphère éditoriale. Mais, visiblement, moins ses initiatives marchent, plus le CAr s'obstine.
Suit l'arbitrage Floflo62 contre Kolossus. Le conflit est réglé d'office puisqu'il aboutit au départ d'un des protagonistes, Kolossus. Sur le fond, le serpent de mer de la translittération du russe, le CAr ne peut bien sûr pas imposer quoi que ce soit, et se contente donc d'une incantation. Mais le problème, et les conflits sous-jacents, qui ne se limitaient pas à Kolossus, restent présents. Difficile pour le CAr de faire plus, même si le départ d'un contributeur, conséquence immédiate ici, est toujours à déplorer.
L'arbitrage G de gonjasufi contre Léon66 est assez compliqué et mérite un approfondissement que je n'ai pas le temps de pratiquer. Aussi, je ne me prononcerai pas sur le fond de la décision. Les mesures prises sont, pour le coup, assez classiques, à une exception près : l'exigence de sources de qualité pour une modification importante d'un article sur la psychologie (cœur du conflit entre les deux arbitrés), avec appréciation si besoin est par un tiers. Outre qu'on est à la frontière d'une intervention éditoriale du CAr, je me demande à quel titre sera sélectionné ledit "tiers" et en vertu de quoi il se trouvera en réalité investi du droit de décréter quelle sources sont de qualité ou non. Sauf à le placer en contributeur au-dessus des autres. Problématique.
Le dernier arbitrage prononcé par le 15ème CAr, Apollon-Mogador, a été avorté grâce à un gentlemen agreement entre les deux parties. Qui se sont elles-mêmes fixées des règles pour que leur conflit s'apaise. Signe d'une grande intelligence et, pour le coup, le CAr n'y est pour rien. D'un autre côté, si tous les contributeurs étaient capables d'une telle lucidité sur eux-mêmes, il n'y aurait plus guère de conflits durables.
Trois arbitrages sont encore en cours. Difficile de porter la moindre appréciation, faute de conclusion. Toutefois, j'avoue avoir un avis assez similaire à celui de Lebrouillard sur l'étonnante admissibilité de Thucyd-Mogador, Lebob ... Encore ne s'agit-il ici que de lectures et d'interprétations différentes. Pas plus que le CAr, je ne suis titulaire de la bonne appréciation. Il ne s'agit donc ici, je le concède bien volontiers, que d'un avis subjectif, et non d'une critique argumentée.
La contestation des administrateurs : une avancée démocratique, mais aussi un désaveu clair et net du CAr
Comme je le disais dans ma (longue) introduction, l'autre grande prérogative du Comité d'arbitrage consiste à statuer sur les potentiels abus des outils d'administrateur portés à sa connaissance, et à les sanctionner si besoin est. Je l'ai clairement dit il y a six mois : la politique du CAr en la matière a consisté en l'abandon de fait de cette prérogative, sauf cas exceptionnel dépendant du sens du vent, de l'âge du capitaine et d'une dose incontestable de partialité plus ou moins assumée. Mais naturellement dérangeante. Ce remake en est une nouvelle illustration. Il y avait sans aucun doute certains problèmes de comportement, pas plus dramatiques que chez bien d'autres et qu'on fait semblant de ne pas voir, mais qui existent tout de même, à pointer chez Grimlock ; et, s'il revient, je pense qu'il serait souhaitable qu'il remette son poste d'administrateur en jeu. Mais de là à qualifier la requête vengeresse et éminemment personnelle d'un zombi, qui se répand en attaques personnelles tous azimuts (non sanctionnées) depuis au moins un an, "d'arbitrage communautaire", il y avait un pas à oser franchir. Les arbitres ont osé ... En ajoutant à cela une bien trouble histoire de mail directif du zombi en question aux arbitres, directive suivie à la lettre malgré les démentis initiaux — et faux — de deux arbitres (voir ici et là pour plus de détails) et l'allégation d'une perte de confiance d'une partie de la communauté, sans doute réelle, mais qui est impossible pour le CAr à constater puisqu'il n'y a même pas eu un seul témoignage ... Au final, et comment pouvait-il faire autrement, le CAr se contente de confirmer la précédente décision dont on a vu à quel point elle manque de logique (soit Grimlock doit être désysopé, soit il ne doit pas l'être, mais ce statut bâtard de demi-admin de fait est grotesque et contre-productif). En un mot comme en cent : cet arbitrage n'aurait jamais dû être recevable (mais il est vrai que la recevabilité avait été décidée par le comité précédent, en guise de parachèvement de leur œuvre, et que le comité suivant n'a pas eu d'autre choix que d'hériter de la situation) et apparaît surréaliste quand on voit que des abus patents d'autres administrateurs sont balayés d'un revers de non-recevabilité dans bien d'autres cas.
Un constat qui me semble du reste à l'origine de la mise en place des fameuses procédures de contestation, notamment en cas d'abus d'outils, ce qui fait doublon avec le CAr. D'ailleurs, dans la prise de décision les mettant en place, toute intervention du CAr a été soigneusement écartée par la communauté, avec un souci évident de ne pas voir surgir les mêmes écueils (géométrie variable, immense répulsion à prononcer le desysopage ...) qu'avec les arbitrages. Il n'est dès lors pas très étonnant de constater que la première contestation à avoir abouti soit contre un administrateur qui avait été "sauvé" par le CAr, et avec des motifs de contestation ... identiques à ceux de l'arbitrage mis en échec par les arbitres. Un camouflet pour le CAr, et voir les arbitres de l'époque (et encore en poste, pour certains) être parmi les plus virulents à insulter les opposants au maintien du statut sur cette page délétère m'a, je l'avoue, assez choqué (mais pas trop étonné ...).
Un CAr toujours remis en cause et de moins en moins séduisant
Et oui, les candidats se font donc rares, et il n'est pas exclu que, in fine, le CAr meurt faute d'arbitres pour le faire fonctionner. Il n'en demeure pas moins qu'une opposition non négligeable s'est cristallisée contre lui, et que sa légitimité en souffre. Outre les contestations, qui sont un début de desossage du comité, ce sondage, qui comporte toutefois peu de participants, ne s'est pas vraiment illustré par des débordements d'amour à l'égard de cet organe ... Le militantisme de l'ex-arbitre Indif sur le Bistro, ces derniers temps, n'était pas des plus fins et a sans doute été contre-productif, sans parler de l'hostilité immédiate qu'il a engendrée.
La perspective devient d'autant moins floue et plus probable que, déjà, l'après, ou l'alternative, s'organise. Une prise de décision commence à y travailler. On peut
aussi se reporter à ce que Dr Brains a proposé ici-même. De grandes Wikipédias, comme l'hispanophone, ont supprimé
leur CAr et ne s'en portent pas plus mal. Autrement dit, l'alternative "le CAr ou le chaos" que d'aucuns brandissent pour sauver ce qui peut encore l'être est loin d'être valable. "Le CAr ou
construire quelque chose de mieux", c'est déjà réaliste. Et moi, après tant de désillusions, j'ai fini par m'y rallier.