Agir pour la liberté d’expression sur Internet

Aujourd’hui, l’ONG Reporters Sans frontières lance la première journée internationale de la liberté d’expression sur internet et propose aux internautes qui le souhaitent de manifester virtuellement (mais pas fictivement) contre la censure via l’opération “24h contre la censure”

Comme l’explique le site, il y a actuellement 63 cyberdissidents derrière les barreaux “pour avoir usé de leur droit à la liberté d’expression sur le Web. La Chine reste la plus grande prison pour les journalistes en ligne et les blogueurs.“

L’idée est donc de dénoncer cette censure gouvernementale et de réclamer plus de libertés sur Internet. Le principe? Manifester dans neuf pays ennemis du Net: pour cela, il suffit de créer un avatar, de choisir le message de leur banderole et prendre part à l’une des cybermanifestations qui auront lieu en Birmanie, Chine, Corée du Nord, Cuba, Egypte, Erythrée, Tunisie, Turkménistan et Viêt-nam.

L’opération commence à 11h et se terminera à la même heure demain jeudi 13 mars. Suite à l’opération sera publiée une liste des “ennemis d’internet” et le guide du cyberdissident sera mise à jour.

“Lors de la première édition des “24 heures contre la censure”, près de 40 000 internautes s’étaient mobilisés en faisant évoluer la carte des “trous noirs du Web”. Aujourd’hui, nous pouvons encore peser sur les autorités qui musellent ce qui devrait être un libre lieu d’échange, et faire à nouveau de cette opération un succès !”, souligne le site!

Enfin, j’en profite pour vous signaler au passage l’existence d’un logiciel mis au point par l’Université de Toronto permettant aux gens vivant dans un pays qui censure l’Internet de se brancher à un serveur qui leur donne un accès sûr à des pages web n’importe où, en contournant les restrictions gouvernementales.

Prénommé “Psiphon“, il est gratuit et fonctionne par l’entremise de réseaux de confiance. Ses fournisseurs, des gens qui travaillent dans des pays non censurés, téléchargent un logiciel gratuit qui permet d’activer un serveur psiphon (”psiphonode”) dans leur ordinateur personnel. Ils passent ensuite les renseignements de branchement à des amis, à leur famille ou à des collègues dans les pays censurés - des “psiphonites” - qui se branchent par l’entremise d’un fureteur et peuvent surfer sur le web sans la moindre restriction. Lorsque vous utilisez psiphon, votre gouvernement et/ou votre fournisseur d’accès à Internet voit uniquement que vous êtes connecté à un autre ordinateur, et non pas aux sites que vous consultez.

Comme chaque psiphonnode est privé, encrypté et séparé des autres, il est presque impossible pour les autorités de découvrir et de bloquer le système dans son entier.

Pour Ron Deibert, directeur du projet psiphon et du “CitizenLab“, “Psiphon vise à restaurer la promesse d’origine de l’Internet, qui était de constituer un forum de la libre expression et de l’accès à l’information“. Il souligne également l’intérêt à venir des prochains Jeux Olympiques en Chine: “des milliers de journalistes vont se rendre en Chine et vivre dans un environnement où l’Internet est étroitement contrôlé et lourdement filtré”, indique Michael Hull, l’un des cerveaux à l’origine de psiphon. “Nous travaillons avec un certain nombre de grandes organisations de médias afin de fournir des solutions pour leurs journalistes, qui auront besoin d’un moyen sûr et fiable d’accéder à une toile sans entraves“.

Sachez aussi que ce logiciel a gagné le Grand Prix NetXplorateur de l’année de France pour “l’initiative numérique et Internet la plus originale, la plus importante et la plus exemplaire du monde”. Psiphon a également été désigné en décembre comme l’une des “six idées pour changer le monde” par le magazine “Esquire”, et une des 50 compagnies à surveiller en 2007 par le magazine “Fast Company”.

Comme le précise également la brève de l’IFEX par laquelle j’ai découvert l’existence ce logociel, l’Open Net Initiative (un partenariat de collaboration entre quatre établissements universitaires, dont le Citizen Lab) vientde publier un ouvrage intitulé “Access Denied: The Practice and Policy of Global Internet Filtering ” (Accès refusé : Pratique et politique de filtrage mondial de l’Internet): celui-ci documente les pratiques de filtrage de l’Internet dans 40 pays et analyse comment et pourquoi divers gouvernements nient à leur propre peuple l’accès à l’information. Bref, de quoi être bien renseigné sur le sujet et réfléchir une fois encore au pouvoir du Net!

Liens:

La mobilisation contre la censure sur le site de RSF

Pour télécharger le logiciel de psiphon à partir du site web de psiphon