Je vois, ces-jours-ci le monde d'une bien étrange manière, par quel sortilège, quel envoutement, au parc, dans la rue, au concert même, où l'esprit flotte autant que l'attention de l'analyste s'il est de tendance freudienne, des phrases surgissent où que mon regard se pose et se composent, telle la phrase rinaldienne, en autant de méandres, s'amplifiant d'incises, de relatives et me procurent un enchantement aussi réel qu'éphémère, mystérieux effet d'un printemps à l'arrivée violente. Même la tasse de thé me fait
rinaldivaguer...
De lui, quelques citations :
« Dans les miroirs, pour soi-même, on ne voit sans doute que ce que l'on espère. »
« ... après tout nous passons notre vie à nous raconter notre vie, car nous n'avons rien d'autre à nous dire. »
« Quel souvenir conserve-t-on jamais du plaisir, serait-ce le premier... Se rappelle-t-on le verre d'eau avalé sous l'empire de la soif ? »
« Sa mort [à la chienne Mosca], au bout d'un mois de soins d'une inutilité qui traduisait surtout son propre égoïsme, lui pesait encore par intermittence, bien qu'elle l'eût délivré de beaucoup de contraintes, comme la mort de toute personne ayant partagé notre intimité, ou une rupture nous ballotte, dans un mouvement de ressac entre le chagrin de la perte et une impression de soulagement : qui nous abandonne, nous libère aussi. »
On le voit, l'amour, y compris de soi, n'est pas chose simple pour l'académicien corse, teinté de mélancolie, et l'on se surprend à lui donner raison quand, dissipées les brumes qui nous portent à croire qu'un navire pourra, jamais, accoster durablement à notre quai, nous trouvons agréable de pouvoir, le chat Ludo bien installé à son pied, en fin de compte, de dormir en diagonale dans notre si grand lit.