On connaissait déjà le concept innovant du restaurant proposant à ses clients de payer le montant qu’ils souhaitent pour leur repas. Plusieurs établissements de ce type ont notamment vu le jour à Paris, avec pour motivation principale de séduire une clientèle rendue de plus en plus frileuse par le contexte économique et la crise. Mais l’actualité qui nous occupe aujourd’hui pousse l’originalité beaucoup plus loin : le café Babochki de Moscou, qui se considère lui-même comme un « anticafé », met gratuitement à disposition ses boissons et desserts, en exigeant simplement de sa clientèle une somme forfaitaire pour chaque minute passée dans l’établissement.
L’idée est à distinguer de certains cafés sponsorisés par de grandes marques en Amérique du Nord, où des boissons sont servies gracieusement aux visiteurs sans aucune contrepartie, à des fins purement promotionnelles et sans objectif de rentabilité financière. C’est ici dans une ambiance résolument moderne et lumineuse que le Babochki vous accueille, vous dorlote et vous nourrit pour 1 rouble et 50 kopecks par minute.
Pour ce prix, relativement modeste même pour la clientèle russe, la gamme de services se veut aussi large que possible. Une fois que vous avez pris place dans l’un des beaux canapés blancs de la salle de détente, thé et café sont offerts à volonté. Cette prestation relativement classique est complétée par la gratuité des snacks et des desserts, ce qui constitue par contre une initiative beaucoup plus inhabituelle. Rien ne vous empêche donc de vous empiffrer autant que vous le souhaitez avec des barres chocolatées et des muffins.
L’astuce de l’anticafé Babochki, on s’en doute, est de maintenir le client sur place le plus longtemps possible afin de rentrer dans ses frais. C’est la raison pour laquelle l’établissement met à disposition divers jeux de société pour s’amuser entre amis, une connexion wifi d’excellente facture, et même des bornes de jeu Xbox 360 et une petite salle de cinéma pour se détendre le temps d’un film.
Malgré les efforts visiblement déployés par Babochki pour rendre son business rentable, on peut légitimement douter de la viabilité de ce modèle. Quand on sait qu’un café se négocie 50 roubles au meilleur prix, on imagine mal comment le patron sera en mesure de s’en sortir en ne facturant qu’un rouble et cinquante kopecks de la minute, sans même parler du coût représenté par les desserts. Il sera en tout cas très intéressant d’observer l’évolution de ce café pas comme les autres.