Paysages de Normandie: Les Abbayes du Cotentin

Publié le 19 mars 2012 par Jeunenormandie

les abbayes, situées en général à l'écart des agglomérations, ont beaucoup moins souffert des bombardements et canonnades de la Seconde Guerre mondiale que les églises paroissiales.  

Mais, le temps, l'abandon et la rapacité, leur ont souvent porté des coups néfastes. La partie méridionale du Cotentin offre des abbayes qui constituent l'un des chapitres les plus intéressants de l'art monastique Normand.


L'abbaye de Cerisy-la-Forêt est une ancienne fondation de Saint Vigor. Détruite par les Scandinaves, elle fut relevée par Robert, Duc de Normandie, en 1030.

L'abbatiale a été édifiée au milieu du XI ème siècle. La nef comptait alors neuf travées; quatre d'entre-elles ont été volontairement démolies au XIX ème siècle, avec le porche bien entendue. Des tribunes surmontent les bas-côtés voûtés d'arêtes. Le croisillon droit du transept est resté dans son état primitif avec une grande tribune à balustrade, tandis que celui de gauche a été remanié au XVIII ème siècle. Une galerie de circulation fait le tour de l'édifice au troisième étage. Le carré du transept rompt un peu l'harmonie romane.

Le chœur de l'église abbatiale est d'une beauté accomplie. Les trois étages de la nef sont prolongés jusqu'à l'abside dont les trois rangs de fenêtres produisent au-dedans comme au-dehors un effet saisissant. Les voûtes de style Gothique sont parfaitement raccordées au reste de l'édifice.

L'extérieur, avec sa massive tour centrale sur plan carré et ses hauts vaisseaux en croix, nous communique une impression d'altière dignité.

L'abbaye d'Hambye: elle fut fondée en 1145 pour une communauté de bénédictine par Guillaume Paynel, seigneur normand. Vendue comme bien national sous la Première République, les nouveaux acquéreurs l'exploitèrent selon la méthode d'alors: on prend d'abord les meubles, les objets qui restent encore. Puis on enlève les tuiles ou les ardoises, puis les charpentes, puis les pierre qui peuvent tomber sans trop de difficultés. Les demi-ruines d'Hambye sont étonnantes. L'église abbatiale réduite à son squelette nous parle un langage puissamment émouvant.

La nef paraît avoir été construite dès la fondation. À la croisée du transept se dessine l'amorce d'une tour-lanterne. Le chœur est d'une mystérieuse beauté.

Une autre abbaye celle de Lessay. Elle fut fondée en 1056 par le seigneur de La Haye-du-Puits. C'est le plus simple et le plus pur exemple l'architecture romane normande. Elle jouxte la petite ville et ce fut son malheur. Point d'appui lors des combats de la Bataille de Normandie de 1944. elle fut atteinte à bien des reprises et si profondément qu'il n'en resta que des pans de Murs. Les Monuments Historiques décidèrent de la rebâtir. Le chantier fut conduit par Monsieur Froidevaux. Les travaux durèrent treize ans et ont abouti à une restauration exemplaire.

L'abside et le transept sont du XI ème siècle. La nef et le clocher central sont du XII ème siècle. Pour la toiture les restaurateurs du XX ème siècle ont adopté des tuiles de schiste du Cotentin sur une charpente Béton.

L'intérieur est d'une belle ordonnance. Sept travées avec un triforium surmonté d'une galerie de circulation qui fait le tour de l'église en passant devant les fenêtres. Derrière le choeur, une abside en cul-de-four éclairée de deux étages de fenêtres.

L'Abbaye de La Lucerne. Elle fut fondée au XII ème siècle par l'Ordre des Prémontrés. L'architecture évoque l'austérité de l'ordre cistercien. Le transept et la grosse tour dont les faces sont dotées de longues baies. Le choeur est à chevet plat. Le cloître a été reconstruit vers 1700. le logis abbatial date du début du XVIII ème siècle avec des ajoutures du XIX ème siècle. L'abbaye fut transformée en filature au XIX ème siècle et par la suite avait été laissée à l'abandon. C'est l'Abbé Leléjard qui s'acharnera à la restauration de cette Abbaye et rachètera les nombreuses erreurs d'un clergé aussi prétentieux qu'incompétent. Il a pu, par son ardeur et sa conviction, rassembler des sommes importantes.