L'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni s'inquiétaient déjà depuis plusieurs mois de l'impact de la sécheresse hivernale sur leur agriculture. Météo France a récemment confirmé que la France connaît elle aussi une situation hydrique déficitaire depuis plusieurs mois.
Alors que l'été et l'automne 2011, ont déjà durement ponctionné les agriculteurs européens, le bilan hydrologique de ces six derniers mois n'a pas permis de rétablir le niveau des nappes phréatiques.
En effet, d'après le dernier bilan climatique de Météo France (en date du 15 mars), les déficits sont notamment très marqués " sur l'Ouest et le Sud-Ouest atteignant 30 % sur la Basse-Normandie, la Bretagne, les Pays de-la-Loire, Poitou-Charentes, l'Aquitaine et jusqu'à 50 % sur Midi-Pyrénées ". Selon le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), 80 % des réservoirs affichaient au 1er mars 2012 un niveau inférieur à la normale. Certains cours d'eau - ce qui est également le cas dans d'autres pays européens - en sont à leur étiage estival, c'est-à-dire à leur niveau le plus bas.
Toutefois, Michel Schneuder, ingénieur rattaché à la direction climatologie de Météo France, tempère ce bilan, grâce au mois de décembre, le plus pluvieux de l'hiver : "En France, l'hiver a été sauvé par des précipitations très abondantes en décembre sur les quatre cinquièmes du pays".
L'Espagne, le Portugal et le Royaume-Unis également touchés
Cela ne fut malheureusement pas le cas au Portugal, au Royaume-Unis ou encore en Espagne. Dans le nord de l'Espagne, des cultures sont d'ores et déjà perdues. Les climatologues estiment qu'il s'agit de l'hiver est le plus sec jamais enregistré depuis 1940 dans le pays."J'ai 50 ans et je n'ai jamais vu cela. Il n'a pas plu depuis le mois d'octobre", confiait il y a plusieurs semaines Fernando Regano, agriculteur à Sarinena, un village d'Aragon à nos confrères de l'AFP.
Si Météo France met en garde contre des conclusions hâtives sur le réchauffement climatique réalisées à partir de données météorologiques s'échelonnant sur quelques années, l'institut météorologique confirme que les prévisions scientifiques vont dans le sens d'une augmentation de la fréquence des vagues de chaleur et une baisse de la pluviométrie estivale quasi-générale. " Les travaux menés plus spécifiquement sur l'évolution des sécheresses en France ont montré une augmentation importante du nombre de sécheresses des sols superficiels d'ici la fin du XXIème siècle, quels que soient les scénarios climatiques et les modèles de climat utilisés. Ces sécheresses augmenteront fortement en nombre, mais aussi en intensité et en étendue spatiale " précise ainsi Météo France à la fin de son bulletin.
Or, la sécheresse a un impact direct sur les cultures mais aussi sur les récoltes de fourrage, base de l'alimentation du bétail. Le déficit d'herbe pourrait se reproduire pour l'été 2012, augmentant les coûts de production de 20 %, explique l'Union des petits agriculteurs. Face à ces conditions exceptionnelles, les autorités européennes vont certainement devoir prendre certaines mesures de limitation de l'irrigation. Les agriculteurs eux, attendent les giboulées de mars avec impatience.
Olivia Montero