Grâce à la biographie d'Anne Noschis, on a eu un aperçu de la vie quotidienne à Vevey au début du XVIIIème siècle, et on a appris que Mme de Warens était agent secret, ce que Rousseau a toujours ignoré.
Par contre, il a connu et admis les mœurs libres de maman. Nous avions déjà rencontré quelques-uns des amants de la dame dans les Confessions : quatre avérés et d'autres suggérés. Mais malgré son libertinage, Rousseau affirme qu'elle n'a jamais fait commerce de ses charmes.
Ce qui est faux, si on en croit Anne Noschis. Mme de Warens aurait pratiqué occasionnellement la galanterie, qui consistait à s'assurer la protection d'un vieux monsieur bien placé en échange de quelques faveurs...D'après Anne Noschis, c'était même sa manière de fonctionner: un notable âgé qui la réconfortait, et un ou deux jeunes pour le plaisir. Elle aurait été, en d'autres termes, entretenue discrètement.
C'était une solution provisoire à des problèmes de fonds récurrents, dus à sa pension royale qui n'arrivait pas toujours, à sa générosité, à ses entreprises chimériques, à ses affaires incessantes et pas toujours fructueuses...
Une catholique convertie ! me direz-vous. Quel exemple !
Mais l'époque semblait assez tolérante. Anne Noschis parle de la complaisance de l'évêque du lieu qui savait fermer les yeux sur les écarts de conduite du clergé, pour autant qu'ils fassent leur travail correctement.
Décidément, dans ce siècle libertin, il n'y a que le pauvre Rousseau qui ne profite pas de la vie !
Anne Noschis, Madame de Warens, Editions de L'Aire