"There were pieces of me all over the floor"
-David Bowie, 1975.
Les troubles mentaux de David Bowie ont été chroniqués régulièrement au cours de sa longue et immortelle oeuvre. Le domaine artistique est un excellent refuge pour déguiser une sensibilité mentale particulière.
Un Canadien sur 5 de moins de 65 ans aura un problème de santé mentale dans sa vie. Ils sont tous d'ordre différents. Il y a beaucoup plus de désordre mentaux qu'on ne le croit dans nos vies.
La maladie mentale n'est pas une seule maladie mais regroupe plutôt un grand nombre de troubles. L’anxiété, la dépression, la schizophrénie, les troubles de la personnalité, les troubles de l’alimentation et les troubles organiques du cerveau peuvent causer à des milliers de gens atteints d’être malheureux, de pleurer et d’avoir des ratés. Toute personne qui a eu une pensée suicidaire a mis un orteil dans les eaux de la maladie mentale.
Heureusement ces déblancements ne mènent pas toujours à de graves conséquences. Mais la maladie mentale reste largement méconnue.
Et l'ignorance, en général, est souvent fatale.
Il est tout à fait naturel de craindre ce que l’on ne comprend pas. À ce titre, la maladie mentale fait peur à bien des gens et, malheureusement, celle-ci est encore marquée d’un stigmate, un signe de déshonneur. C’est à cause de ce stigmate qu’un grand nombre de personnes hésitent à obtenir de l’aide pour un problème de santé mentale, par crainte de mépris. Ce sentiment est malheureux car la plupart des maladies mentales peuvent être efficacement traitées. Pire encore, le stigmate qu’éprouvent les personnes atteintes d’une maladie mentale peut être encore plus nuisible que la maladie elle-même.
Une maladie mentale n’est pas un défaut de caractère. C’est une maladie, et elle n’a rien à voir avec une faiblesse ou un manque de volonté. Bien que les personnes atteintes de maladie mentale jouent un rôle important à leur propre rétablissement, elles n’ont pas choisi de tomber malade et ne doivent pas être jugées paresseuses parce qu’elles sont tout simplement incapables de «s’en secouer».
La maladie mentale, comme la maladie physique, peut toucher n’importe qui, peu importe le niveau d’intelligence, de classe sociale ou de revenu. Elle peut apparaître partout. Et c'est ça qui est formidable. Pas formidable dans le sens de "heureux, agréable" mais formidable dans le sens de "remarquable-facile à repérer, intriguant".
La maladie mentale pointe sa tête dans l'actualité à toutes les semaines.
La semaine dernière, en Afghanistan, un soldat qui avait servi trois fois en Irak et qui, ironiquement, travaillait maintenant à "l'équilibre et à la stabilisation d'un village" a perdu la tête. Il s'est levé en pleine nuit, habité par un très sérieux mal-être, a investi les maisons de villageois endormis et fusillé des civils à tout hasard. Tuant 16 innocents endormis dont 9 enfants et 3 femmes. Il a marché plus d'un kilomètre dans le noir et a fouillé dans les maisons comme si il cherchait quelque chose avant de vider son chargeur. Que se passait-il dans sa tête? Quel film jouait sous sa calotte crânienne? Quel type de panique cérébrale mène à tout ça? Un tel geste est extraordinairement grave.
Il est revenu à son camp militaire, dégrisé je présume, et s'est rendu à ses supérieurs afin de confesser ce qu'il venait de faire. Probablement moins malade, cette fois. Mais pendant cet épisode de grande noirceur... quelles lumières aurait pu le sauver?
Scène moins fatale cette fois, mais tout aussi impressionnante, dans avion qui devait faire le vol Dallas-Chicago une hôtesse de l'air avait négligé de prendre ses médicaments pour traiter un trouble de bipolarité. Avant que l'avion ne décolle, elle a aussi manqué d'équilibre mental, a pris le micro pour y dire des incohérences sur les éveènements du 11 septembre 2001 et que l'avion allait s'écraser puisqu'elle n'avait pas pris ses médicaments jettant un malaise partout. Les employés ont tenté de la raisonner mais elle était visiblement dans une autre dimension. L'hôtesse s'exprimait avec une voix de démone tout en se débattant. Difficile de ne pas avoir de frissons en écoutant sa voix qui rappelle certains moments de l'exorciste. La pauvre dame a dû sortir de sa transe avec un très sérieux mal de tête. Je serais très curieux de connaitre aussi les ondes qui circulent dans le cerveau d'un être bipolaire.
Finalement, quelques jours plus tard, le réalisateur du fameux projet Kony 2012, Jason Russell, après avoir joué au héros cybernétique, s'est pavané flmbant nu en frappant l'asphalte et en se masturbant en public ce qui a forcé son arrestation (il fût aussi traité à l'hôpital pour malnutrition et épuisement).
Récemment, j'ai paniqué mentalement à propos de résultats scolaires catastrophiques. Je n'ai jamais eu de tels résultats aussi crasseusement médiocres. Depuis j'ai remonté légèrement la pente mais si peu (78%, 61%, 71%). Je connais des épisodes de grande noirceur. Je m'apperçois qu'en veillissant, à peu près à toutes les 8 semaines, je pête ma coche d'une manière quelconque. Quand ce n'est pas un coup de pied dans une porte par frustration ou une bonne engeulade avec un quidam c'est un effondrement mental qui me donne le vertige de la panique.
Ça goûte pas bon la panique. Et à la base de la panique il y a un point de bascule.
J'ai dû me confronter à ma fragilité mentale et composer avec le fait que je plonge quelques fois en apnée dans cet univers sombre.
Je ne crois avoir les réponses à toutes les questions que je me pose.
Mais encore, je crois que personne ne les as non plus.
Je surfe.
Repérant les gyrophares.
Tant que je peux trouver les gyrophares,
il y aura pas de "pieces of me all over the floor".
It's really Me
Really You
And really Me
It's so hard for us to really be
Really You
And really Me
You'll lose me though I'm always
really free.
-Bowie, Wild Eyed-Boy From Freecloud