Cabaret Aléatoire, 17 Mars 2012
C’est dans une salle clairsemée (mais qui affichera au final presque complet) que les djs Bordelais Smokey Joe & The Kid commencent leur set.
Un mix plaisant de hip hop, jazz, funk cohérent avec le groupe qui va suivre.
On y entend des breaks et samples assez familiers avec pas mal de scratches et des accapellas d’Eminem ou House Of Pain plaqués sur des sons plus retro.
Pas du turntablism pointu à la Q-Bert ou Cut Chemist, on est plus dans le style Wax Tailor ou C2C, dansant et accessible, à défaut de vraiment décoller.
Un (plutot rapide vu le nombres d’intruments) changement de plateau plus tard, les General Elektriks viennent nous livrer une leçon de groove dont ils ont le secret.
J’avais été très agréablement surpris par leur dernier passage à Marsatac, qui remonte déjà 2009.
Depuis ils ont sorti le plaisant “Parker street” dont la déclinaison autrement plus explosive ce soir confirme que la musique d’Hervé Salters est définitivement taillée pour la scène.
Dès “The Spark” qui le voit sautiller derrière son clavier, on reste difficilement en place.
“Take back the instant” suit, puis “Helicopter” envoie le bois de façon plus rock, avec des effets visuels efficaces.
On retrouve à la basse le facétieux Jessie Chaton (miauleur en chef chez Fancy, et parfois avec Rinocerose et Nasser) et ses fameuses tenues cuir et coupe Afro.
Un des deux batteurs a une crète à la Travis Bickle, tandis que le guitariste et l’autre percussioniste rivalisent de style et de classe.
On se demande encore comment le groupe s’est retrouvé nommé aux dernières Victoires de la musique dans la categorie Electro face à Guetta, Justice et Yuksek : mis à part une MPC tout est ici hyper vintage et organique.
Plusieurs claviers, un énorme xylophone et toute une panoplie de guitares, l’armada funk/soul ultime et toujours utilisé à bon escient, pas d’esbroufe ou de note en trop.
Outre les tubes qui parlent aux hanches, on a droit à quelques jolies ballades comme “I’m ready” et le sommet de l’album précédent “Little Lady” qui rend super bien.
On apprécie les interventions du chanteur lorsqu’il explique la génèse de certains titres comme ce “The Genius and the Gangster” inspiré par cette vielle canaille de Sly Stone.
Ou plus étonant “Show me your hands” qui lui est venu en lisant “Mac Beth” et qui fait participer abondament le public.
Deux reprises au programme : “Andy Warhol” (Bowie) et “The Message” (Grandmaster Flash) habilement couplé au “En melody” de Gainsbourg.
Et puis pour finir sur les rotules, les plus connus “David Lynch Moments” et surtout “Raid The Radio” devenu un hymne depuis sa sortie.
Au premier rappel, une très longue version de “Tu m’intrigues” qui sera traversée par un énorme solo du batteur puis du comparse à la MPC.
On cherchera en vain un moment faible au cours de ce concert généreux et enthousiasmant.
General Elektriks ont mouillé la chemise et emballé la foule avec un son, une débauche d’energie et d’idées qu’on ne peut que conseiller de les suivre sur cette tournée et les suivantes.