" La Grèce est le seul exemple connu d'un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance. Si la France et l'Angleterre se trouvaient seulement une année dans cette situation, on verrait des catastrophes terribles : la grèce a vécu plus de vingt ans en paix avec la banqueroute.
Tous les budgets, depuis le premier jusqu'au dernier, sont en déficit.
[...]
Les ministres des finances faisaient deux budgets des recettes : l'un, le budget d'exercice, indiquait les sommes que le gouvernement devrait recevoir dans l'année, les droits qui lui seraient acquis ; l'autre, le budget de gestion, indiquait ce qu'il espèrait recevoir. Et, comme les ministres des finances sont sujets à se tromper à l'avantage de l'Etat dans le calcul des ressources probables qui seront réalisées, il aurait fallu un troisième budget, indiquant les sommes que le gouvernement était sûr ce percevoir.
Par exemple, pour le produit des oliviers du domaine public, affermés régulièrement aux particuliers, le ministre inscrivait au budget d'exercice une somme de 441 800 [...]. Il espérait que sur cette somme, l'Etat serait assez heureux pour percevoir 61 500 [...]. Mais cette espérance était au moins présomptueuse car l'Etat ne perçu ni 441 800[...], ni 61 500[...], mais 4 457 [...]. "
Edmond About dresse ici un constat lucide de la situation fiscale du pays. Mais ce texte, qui illustre à merveille le mal dont souffre actuellement la Grèce, date en fait du 19 ème siècle ! A croire que plus d'un siècle plus tard, les mauvaises habitudes ont persisté. Une chose paraît néanmoins certaine à présent : la situation de banqueroute permanente avec laquelle ont composé les différents gouvernements grecs depuis le 19 ème siècle n'est plus viable, que ce soit pour les grecs eux-mêmes ou leurs créanciers. Il semble donc que le sport national grec, l'évasion fiscale, soit bel et bien condamné !