Rassemblant 115 galeries, Artparis présente, du 3 au 7 avril 2008,, un large panorama de la création moderne et contemporaine. A cette occasion, revenons sur les principaux mouvements qui seront observables dans les allées du Grand Palais…
1. La Figuration Narrative
Les exposants d’Artparis 08 sont nombreux à mettre à l’honneur les artistes de la Figuration Narrative, en écho à l’exposition qui investira bientôt les Galeries Nationales du Grand Palais. Ce mouvement prend corps dans les années 1960 sous des formes picturales très variées et l’impulsion de personnalités très diverses qui partagent néanmoins une vision commune et engagée de l’homme face à sa société. Près de 40 ans après, ces artistes font toujours de la résistance.
Le peintre Erró fut le plus virulent à dénoncer les guerres et les excès du totalitarisme, mêlant dès le départ des éléments figuratifs éparses comme les photographies de presse, les bandes dessinées, les illustrations publicitaires et les chefs-d’œuvre de l’art classique. Raillant la multiplication d’images qui nous gouvernent, il répond alors par une profusion de couleurs et d’informations qui critiquent à la fois la société de consommation, la politique, la publicité et même… l’art ! La galerie Louis Carré & Cie lui consacre un one man show, composé de petites toiles récentes. Aujourd’hui, le peintre d’origine islandaise s’amuse, du haut de ses 76 ans, à mêler les pointures de l’histoire de l’art, comme Picasso ou Fernand Léger, aux univers de la culture populaire.
Également co-fondateur de la Figuration Narrative en 1964, Bernard Rancillac a les honneurs d’un one man show à la galerie Lélia Mordoch. Ce parcours rétrospectif se développe des années 1960 à nos jours et permet d’appréhender les différentes séries de cet artiste né en 1931 et qui ne s’est jamais laissé enchaîner dans un style. Dès 1963, il combine une franchise graphique qui conjugue l’héritage de Cobra et les premières aspirations du Pop Art. Une des œuvres présentées sur le stand est d’ailleurs un hommage direct à Rauschenberg et une sérigraphie évoque fortement un certain …Andy Warhol. Tout comme ces artistes américains, Rancillac puise dans la bande dessinée ou les photographies de magazine, auxquelles il ajoute à partir de 1966 des volumes de matière plastique. L’humour grinçant caractérise l’ensemble de ses œuvres jusqu’à aujourd’hui.
Autre héros de ce mouvement, Valerio Adami est présent chez Daniel Templon. Parti d’une figuration expressionniste et d’une facture gestuelle, il se rapprocha de la Figuration Narrative par un pop art revisité. Il développe alors une sorte de récit fantastique et humoristique sous forme de bandes dessinées qui évoque aussi des découpages cinématographiques. La couleur est apposée en aplat, sagement délimitée par des cernes noirs, dans une structure mosaïquée. L’étrangeté des scènes ne réside pas tant dans la facture de l’artiste que l’on reconnaît au premier coup d’œil, mais dans l’ambivalence narrative, toujours intacte après 40 ans de pratique. Adami met en avant les obsessions de l’inconscient collectif, allant des thèmes mythologiques aux avatars des conditions de vie contemporaine.
La galeriste Sonia Zannettacci défend pour sa part depuis des années l’œuvre de Jacques Monory. Sa dernière série renoue avec sa couleur bleue fétiche et prend pour thème les voitures, la Californie, l’univers du polar et l’homme au chapeau totalement autobiographique… Le peintre né en 1936 n’a finalement pas quitté ses premières amours et nous plonge au cœur des années 1960. Monory part d’images photographiques et les toiles de ce grand cinéphile fonctionnent comme un écran. Là, il s’interroge sur le temps, le devenir, et donc sur la mort, qui confère une inquiétude sourde à ses images.
Un autre compère de la Figuration Narrative, Peter Klasen, est représenté par la galerie italienne San Carlo. Ce peintre allemand né en 1935 donne aussi une vision du quotidien glacée et clinique, à l’aide d’une facture lisse, impeccable, quasi-photographique. Il créa, ce que certains critiques nommèrent à l’époque, des « blasons modernes, emblèmes sans code. » Ses compositions simplifiées mettent en général en scène deux éléments de la réalité qui se détruisent mutuellement. Objets fonctionnels comme lavabos, téléphones, interrupteurs, rasoirs et marteaux sont associés à des emblèmes érotiques tels que le cuir, les ceintures, les bandages ou un bout de sein qui symbolisent la femme-objet ou la cover-girl. Mais Klasen n’est pas cruel ; il se révèle menaçant parce que menacé.
Sous couverts de couleurs vives symbolisant faussement une joie de vivre, les travaux de ces plasticiens dénotent ainsi une inquiétude au monde toujours prégnante.
(La suite très prochainement)
Rassemblant 115 galeries, Artparis présente, du 3 au 7 avril 2008,, un large panorama de la création moderne et contemporaine. A cette occasion, revenons sur les principaux mouvements qui seront observables dans les allées du Grand Palais…
1. La Figuration Narrative
Les exposants d’Artparis 08 sont nombreux à mettre à l’honneur les artistes de la Figuration Narrative, en écho à l’exposition qui investira bientôt les Galeries Nationales du Grand Palais. Ce mouvement prend corps dans les années 1960 sous des formes picturales très variées et l’impulsion de personnalités très diverses qui partagent néanmoins une vision commune et engagée de l’homme face à sa société. Près de 40 ans après, ces artistes font toujours de la résistance.
Le peintre Erró fut le plus virulent à dénoncer les guerres et les excès du totalitarisme, mêlant dès le départ des éléments figuratifs éparses comme les photographies de presse, les bandes dessinées, les illustrations publicitaires et les chefs-d’œuvre de l’art classique. Raillant la multiplication d’images qui nous gouvernent, il répond alors par une profusion de couleurs et d’informations qui critiquent à la fois la société de consommation, la politique, la publicité et même… l’art ! La galerie Louis Carré & Cie lui consacre un one man show, composé de petites toiles récentes. Aujourd’hui, le peintre d’origine islandaise s’amuse, du haut de ses 76 ans, à mêler les pointures de l’histoire de l’art, comme Picasso ou Fernand Léger, aux univers de la culture populaire.
Également co-fondateur de la Figuration Narrative en 1964, Bernard Rancillac a les honneurs d’un one man show à la galerie Lélia Mordoch. Ce parcours rétrospectif se développe des années 1960 à nos jours et permet d’appréhender les différentes séries de cet artiste né en 1931 et qui ne s’est jamais laissé enchaîner dans un style. Dès 1963, il combine une franchise graphique qui conjugue l’héritage de Cobra et les premières aspirations du Pop Art. Une des œuvres présentées sur le stand est d’ailleurs un hommage direct à Rauschenberg et une sérigraphie évoque fortement un certain …Andy Warhol. Tout comme ces artistes américains, Rancillac puise dans la bande dessinée ou les photographies de magazine, auxquelles il ajoute à partir de 1966 des volumes de matière plastique. L’humour grinçant caractérise l’ensemble de ses œuvres jusqu’à aujourd’hui.
Autre héros de ce mouvement, Valerio Adami est présent chez Daniel Templon. Parti d’une figuration expressionniste et d’une facture gestuelle, il se rapprocha de la Figuration Narrative par un pop art revisité. Il développe alors une sorte de récit fantastique et humoristique sous forme de bandes dessinées qui évoque aussi des découpages cinématographiques. La couleur est apposée en aplat, sagement délimitée par des cernes noirs, dans une structure mosaïquée. L’étrangeté des scènes ne réside pas tant dans la facture de l’artiste que l’on reconnaît au premier coup d’œil, mais dans l’ambivalence narrative, toujours intacte après 40 ans de pratique. Adami met en avant les obsessions de l’inconscient collectif, allant des thèmes mythologiques aux avatars des conditions de vie contemporaine.
La galeriste Sonia Zannettacci défend pour sa part depuis des années l’œuvre de Jacques Monory. Sa dernière série renoue avec sa couleur bleue fétiche et prend pour thème les voitures, la Californie, l’univers du polar et l’homme au chapeau totalement autobiographique… Le peintre né en 1936 n’a finalement pas quitté ses premières amours et nous plonge au cœur des années 1960. Monory part d’images photographiques et les toiles de ce grand cinéphile fonctionnent comme un écran. Là, il s’interroge sur le temps, le devenir, et donc sur la mort, qui confère une inquiétude sourde à ses images.
Un autre compère de la Figuration Narrative, Peter Klasen, est représenté par la galerie italienne San Carlo. Ce peintre allemand né en 1935 donne aussi une vision du quotidien glacée et clinique, à l’aide d’une facture lisse, impeccable, quasi-photographique. Il créa, ce que certains critiques nommèrent à l’époque, des « blasons modernes, emblèmes sans code. » Ses compositions simplifiées mettent en général en scène deux éléments de la réalité qui se détruisent mutuellement. Objets fonctionnels comme lavabos, téléphones, interrupteurs, rasoirs et marteaux sont associés à des emblèmes érotiques tels que le cuir, les ceintures, les bandages ou un bout de sein qui symbolisent la femme-objet ou la cover-girl. Mais Klasen n’est pas cruel ; il se révèle menaçant parce que menacé.
Sous couverts de couleurs vives symbolisant faussement une joie de vivre, les travaux de ces plasticiens dénotent ainsi une inquiétude au monde toujours prégnante.
(La suite très prochainement)