Lorsque j’ai débarqué à l’INSERM en DEA, je pratiquais très peu l’Anglais. J’’ai eu la chance d’être accepté dans un laboratoire ou le français n’’était finalement qu’’une langue secondaire (excepté pour deux ou trois vieilles peaux qui tentaient de régner sans partage sur certaines équipes). La personne qui dirigeait mon équipe était originaire de Bangalore en Inde. Srini avait eu la bonne idée de réunir autour de lui des étudiants qui venaient des quatre coins du globe. Des indiens, mais également des bulgares, des allemands ou des israéliens. François revenait d’un long séjour à Atlanta. J’’ai ainsi appris à parler anglais avec Prasad, Sooryanarayana, Yaron, Yosepha, Vladimira ou Dorothea. Côtoyer différentes nationalités ne m’’a pas seulement aidé à lire, écrire ou parler un anglais scientifique, mais également un anglais un peu plus international et familier.
Alléluia! J’avais enfin trouvé la bible qui allait me permettre de progresser à pas de géants en anglais.
Le livre balaye toutes les expressions les plus vulgaires. Le chapitre “Question de goût” est notamment consacré à la turlutte et au cunnilungus. D’après l’auteur, les français sont généralement considérés par les anglo-saxons comme les dieux de la gâteries oro-génitale. D’après le poème:
The French they are a funny race
Les français sont amusants
They fight with their feet and fuck with their face
Ils combattent avec leurs pieds (allusion à la savate) et baisent avec leur visage
C’est ainsi que tout utilisation de la bouche pendant la relation sexuelle est appelée un “french” (valable aussi bien pour le glougloutage de sipholo que pour la pipe). Le livre classe également les expressions en “indispensable”, “bon à savoir” et “à oublier”. Ainsi au chapitre pipe trouve-t-on:
Indispensable:
Blow
Eat
Give a blow job
Give head
Go down on
French
Suck
Suck-off
Bon à savoir:
Give a blow job
gobble the goose (avaler l’oie)
lick dick
Polish the helmet (polir le casque)
Suck dick
Take a lip lock on a fuck stick
A oublier:
Eat a weenie
Lick the lollipop
Même chose pour le cunnilungus (Muff-diving)
Indispensable:
Eat
Eat out
Eat cunt
Eat pussy
French (encore)
Go down on
Muff dive
Bon à savoir:
Eat a box lunch at the Y
Eat hair pie
Eat the bearded clam (Manger la palourde poilue, j’aime bien)
Go lickety split
Munch a fur Burger (Mâcher un burger de fourrure)
Suck cunt
Suck pussy
A oublier:
Slurp the slit
Cannibalize the cunt
J’ai ensuite quitté le monde magique de la science fondamentale au bout de quatre années pour rejoindre mon employeur actuel. L’’anglais était toujours la langue de travail. Je devais interagir avec mes nombreux collègues européens. Je retrouvais le charme de la mixité culturelle. Chacun avait son propre accent. Cependant, le langage employé était différent. Il était plus réglementaire et surtout plus diplomatique. L’impératif était proscrit (oublier “should”, utiliser “could”) et nous avions comme consigne officieuse de ne pas employer certaines expressions qui risquaient de choquer nos collègues. Bien heureusement, nous commençons tous à nous connaître et le naturel prend le plus souvent le dessus. J’évite cependant de parler de “muff diving” ou de “blow job” trop souvent au téléphone.
Pour le reste, c’’est vraiment open.
Prochaine leçon d’anglais: Blasphèmes, sodomie et pets.
*Billet dédié à Thanos.