18 mars Liz - Tragic Strip Une de plus pensa-t-il. Le maire aurait bien voulu regarder ses ouailles de haut, mais sa taille ne lui permettant pas il coupa le ruban, bleu-blanc-rouge, clap, clap, clap, l'exposition est ouverte. Pendant le discours inter et minable, Superman sillonnait les rayons. Il aperçut Jeanne en conciliabule serré avec un des rares dessinateurs présents à cette heure tôtive pour un artiste. En fait, il la croquait sur la page de garde, il lui dédicaçait un bouquin, une bande dessinée hors de prix, pléonasme ! Marc décida de boycotter cette scène insoutenable, la mise au point serait pour plus tard, et il s'arrêta devant un grand Duduche aux lunettes cerclées d'or et au sourire de diamant. Le bouquin, "Liz" avait une couverture alléchante, les dessins, des peintures à l'huile, étaient magnifiques, l'histoire mirobolante d'une petite fille, croque-mort à la place de son père mort, et qui avait une notion toute particulière de l'embaumement. Et gaie. ...Désolé, Alexis, il s'appelle Alexis Horellou, c'est marqué sur son badge, une paie d'intermittent ne me permet pas d'acheter une bande dessinée, surtout lorsque l'on n'est pas payé, mais ce que tu fais est superbe... Alors Superman jeta un regard laser sur Jeanne la Tarzane, son important bouquin sous le bras, la séance de "pose" était visiblement terminée. Superman fonça à travers les rayons encore clairsemés, à cette heure on trait les vaches, et chopa Jeanne, par la queue de la fourrure de vinyle. Accueilli par une décharge, le nylon ça le fait des fois, il apostropha sa belle : crois-tu qu'on ait les moyens de se payer ce genre d'extra... Je ne l'ai pas payé, on a bien discuté, il est de chez moi, il me l'a offert, c'est son premier, il dit que ça lui portera chance... En clair, il te drague... Mais ma parole, il serait jaloux mon loulou, ô, c'est trop beau, viens que je t'embr... Hum, en place s'il vous plaît, on ne vous paie pas à ne rien faire éructe le bouseux encostardé ceint de son écharpe tricolore... On arrive, deux secondes, il n'y a presque personne. Fais voir la dédicace. Hmmm, il a un bon coup de crayon ton garçon... Arrête Marc, tu deviens pathétique, va plutôt servir la marquisette... La marquisette, une spécialité dégueulasse et bon marché, mélange de vin blanc limonade et rondelles d'agrumes, une sangria blanche, quoi... Marc s'en tape un coup, ça lui rappelle les baloches de son adolescence, où, timide, il passait son temps à voir danser ses amis et à picoler de ce tord-boyaux, tellement peu alcoolisé, qu'on était ballonné de rugby avant d'être gai. Ça lui remit le moral à l'endroit et il sourit de son sourire blanc immaculé, un dentifrice en trompe-l'œil, tout en rejetant sa cape derrière son dos, théâtral. Allons, tout n'allait pas pour le pire dans ce putain de monde... A suivre... demain !
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