Selon le courrier des lecteurs des « Nouvelles de Tahiti », une commerçante de Papeete se plaint d’avoir reçu un appel téléphonique d’une personne se présentant du Parti Tahoera’a (Gaston Flosse). Elle lui demandait de faire un don pour « la reconstruction du Tahoera’a et le développement du pays ». La commerçante ayant refusé il lui a été répondu très froidement : « Très bien, je note sur nos cahiers que Madame Untel, du magasin Untel, refuse de donner une contribution au Tahoera’a et au Pays ». La commerçante menace de déposer plainte à la Gendarmerie au cas où une demande similaire lui serait adressée. Cela vous donne l’ambiance grise à la Hitchcock.
Dans la matinée, nous chargeons les provisions, les tourment-d’amour (gâteaux) et toutes les gamelles dans le coffre, nous sommes parties pour Punaauia ! Tandis que j’épluchais et réduisais en purée une grosse tête d’ail et coupais en fins anneaux deux bottes d’oignons verts afin que R. réalise ses sauces (les meilleures du tout Tahiti !) la Chinoise confectionnait ses « chopo », les uns fourrés au Nutella (pour les enfants), les autres au poulet. Les chopos sont des sortes de petits chapeaux cuits à la vapeur. De vrais « bourre-coquins ».
La table était dressée dans le jardin, face à la mer. Les pétrels furieux tournaient au-dessus de nos têtes. Ils protestaient avec véhémence… depuis plus d’une semaine - car les travailleurs avaient coupé les branches du filao. Celles où ils nichaient. Et ce qui devait arriver, arriva. Faute de nicher, ils chièrent. Plouf ! Une grosse fiente agrémenta la sauce, la préférée de R., celle qui contenait de la Worcester de chez Perrins ! La tablée fut prise d’un fou-rire, d’abord contenu, mais c’était tellement drôle ! E. et moi qui ne mangeons pas de sauce n’étions pas les dernières à rire. Une main alerte a vite réparé les dégâts…
Les pétrels menaçaient toujours, une nouvelle version des Oiseaux de Hitchcock ! Installés, les invités commençaient à se servir le riz quand… une nouvelle attaque de fiente en piqué fit exploser le bol de sauce. Trop, c’est trop. Non seulement la sauce était inutilisable, mais le cadeau des oiseaux avait éclaboussé les cheveux, la nappe, un vrai désastre !
Mais nous ne pouvions maîtriser nos rires ! Les magasins étaient fermés, impossible d’aller acheter un ticket de loto ou autre jeu de hasard comme le souhaitaient les victimes des oiseaux. Car il paraît que fiente rime avec chance.
Sabine