Israël félicite l'UE pour ses sanctions contre l'Iran

Pour la première fois Israël estime que les décisions de l'Union européenne vont porter «un coup critique» à Téhéran.

Une fois n'est pas coutume, Israël a accordé vendredi un satisfecit appuyé à des sanctions internationales visant l'Iran. La décision de l'Union européenne d'interdire aux institutions iraniennes l'accès au réseau de transferts interbancaires Swift «marque une escalade que nous attendions depuis longtemps et qui va paralyser une partie des importations et des exportations iraniennes», s'est félicité Silvan Shalom, le vice-premier ministre. Selon lui, «pendant longtemps les sanctions contre Téhéran ont été trop molles pour tenir compte de l'opposition de la Russie et de la Chine qui refusent de punir Téhéran».
«Une économie moderne ne peut pas fonctionner sans un système de compensation tel que Swift. L'Iran se retrouve désormais en état de siège financier», a pour sa part diagnostiqué Youval Steinitz, le ministre des Finances. Benyamin Nétanyahou, le chef du gouvernement, qui n'a cessé d'évoquer ces derniers mois le scénario d'une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes en cas d'échec des sanctions internationales, a lui-même exprimé sa satisfaction. Ses proches ont parlé de «coup critique» asséné à l'Iran.
Un ton qui tranche avec le scepticisme que le premier ministre affichait jusqu'à présent vis-à-vis des pressions diplomatiques et économiques jugées inefficaces. Adoptant un ton de plus en plus dur, il avait d'ailleurs lancé des menaces très claires mercredi au Parlement. «Il faut parfois réaffirmer des évidences: Israël n'a jamais confié son sort à personne y compris aux meilleurs de nos amis», a proclamé Benyamin Nétanyahou en évoquant ainsi la possibilité d'une offensive militaire contre l'Iran sans l'autorisation préalable des États-Unis.

Des doutes sur la tactique

L'exclusion de l'Iran du système Swift a malgré tout été accompagnée d'une pointe d'amertume. «Il a fallu de nombreuses années pour que le monde comprenne que le terrorisme et l'Iran ne représentent pas seulement un danger pour Israël, mais pour toute la communauté internationale. L'annonce que Téhéran développe des missiles à longue portée capables d'atteindre toute l'Europe a sans doute convaincu la communauté internationale d'agir», selon Silvan Shalom. Certains commentateurs émettent toutefois des réserves sur la tactique adoptée par Benyamin Nétanyahou bien qu'une majorité d'Israéliens, selon de récents sondages, lui fassent confiance ainsi qu'à Ehoud Barak, le ministre de la Défense, pour gérer au mieux le dossier iranien.
«Benyamin Nétanyahou se livre à une guerre psychologique notamment avec les Américains en leur faisant le coup du“retenez-moi, retenez-moi”, si vous n'agissez pas, nous nous en chargerons», estime ainsi Yossi Melman du quotidien d'opposition Haaretz. Pour ce commentateur militaire spécialisé dans les affaires de renseignements, le premier ministre aurait trop tendance à «semer l'angoisse parmi les Israéliens» en assimilant le régime iranien aux nazis et les «centrales nucléaires à Auschwitz».
source: Le Figaro.fr